Florilège de Citations sur le Vin,
la Vigne & le Bien Manger !
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Cette liste unique de citations a été établie en collaboration avec Philippe Margot,
auteur du livre Le Vin de la Bouteille au Verre aux Editions Ketty & Alexandre (en savoir plus)

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de ABBE PIERRE à BASSELIN

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« Si, aujourd'hui il y a des hommes et des femmes « de trop », c'est parce qu'on se conduit comme des crétins ; comme si, ayant 60 litres de bon vin, on voulait à tout prix le faire tenir dans une bonbonne de 50 litres… On s'étonne ensuite que ça déborde… et oui, ça déborde  Et même ça crache et ça salit. Tant qu'on n'aura pas compris que 10 litres ne sont pas « de trop », tant qu'on n'aura pas fabriqué la deuxième bonbonne pour les contenir, il y aura chaque hiver le « scandale des sans-logis », et chaque été « la violence des banlieues. »

(L'Abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès)

 

 

« Dans une vieille bouteille, il y a du bon vin.

Mais il y a aussi quelque chose du passé, et qui dort là.

Quand on débouche la bouteille, un rayon de soleil ressuscite,

et ça ne va pas sans un peu d'émotion.»

(Léon Abric)

 

 

« Je veux que le vin de ma messe soit bon, disait un prélat,

car je ne veux pas faire la grimace au Seigneur quand je communie. »

(Léon Abric)

 

 

« Quand deux individus se rencontrent autour d’une bonne bouteille

et de deux verres, ce sont des verres de contact. »

(À la manière d’Alain Afflelou)

 

« La vieillesse, c'est quand on va dans des restaurants où il y a des sommeliers,

et non plus dans ceux où il y a des serveuses. »

(Marcel Achard)

 

 

« En faisant connaître ce nouveau cépage (Catawba-hybride de lambrusca)

j'ai rendu service à mon pays plus que j'aurais pu le faire

en remboursant la dette nationale. »

(John Adlum)

 

 

« Avez-vous encore du grain dans les greniers ? Même la vigne, le figuier,

le grenadier et l'olivier n'ont donné aucun fruit.

Eh bien  à partir de ce jour, je vous comblerai de mes bénédictions. »

(Le livre d'Aggée 2 : 19)

 

 

« (...) La femme c'est comme le champagne, froide elle enivre davantage, et dans un emballage français elle coûte plus cher. »

(M. Aguéev)

 

 

« L’effet de l’ivresse est d’abolir les scrupules du sentiment. »

(Émile Auguste Chartier, dit Alain)

 

 

« Être cultivé c'est, en chaque ordre, remonter à la source et boire dans le creux de sa main, non point dans une coupe empruntée. »

(Émile Auguste Chartier, dit Alain)

 

 

« Aimons jeune, buvons vieux. »

(J.-F. Alcalay)

 

 

« Le vin est le miroir de l’homme. »

(Alcée)

 

 

« Buvons  Guettons-nous les flambeaux ?

Le jour pointe le doigt, mon beau

Apporte- moi mainte coupole

Profonde, aux teintes de l'alcool.

Le fils de Zeus et Sémélé

À chaque homme donna le vin

Noyant dans l'oubli le chagrin.

Verse pour emplir dans les vases

Les mesures par tiers et rases.

Que chacune soit exilée. »

(Alcée)

 

 

« Le fils divin de Sémélé

Aux hommes le vin a donné

Afin qu'ils puissent oublier. »

(Alcée)

 

 

« Elle verse un vin pur, du bec de l’aiguière et l’on

est ébloui – ce qui donne sommeil.

Ce vin, plus pur que l’eau, ce vin est sans pareil :

l’eau qui craint le mélange, évite de lui plaire.

Mais si l’on mélangeait le vin à la lumière

le résultat serait lumière sur lumière. »

(Abû-Nuwâs, poète persan)

 

 

« Votre Majesté a bien raison de dire que le mauvais tonneau de Jupiter,

celui qui verse les maux sur les hommes, est plus grand et plus plein

que celui qui verse les biens. »

(Jean le Rond d'Alembert)

 

 

« J'espère qu'il pourra encore, comme il le dit, donner quelque

façon à la vigne du Seigneur. »

(Jean le Rond d'Alembert)

 

 

« Il est absolument déraisonnable, inutile et inhumain de se nourrir à la manière

du bétail qu’on engraisse, les regards tournés vers la terre,

courbés sur les tables, à la recherche d’une vie gourmande,

qui fait accorder plus d’estime aux cuisiniers qu’aux agriculteurs. »

(Saint Clément d’Alexandrie, Le Pédagogue, II)

 

 

« Il n'a pas vécu ici-bas, celui qui a vécu sans ivresse. »

(Omar Ibn al-Farîdh, Al Khamriya)

 

 

« Ils me disent : "Décris-le nous, tu es l'expert à le décrire,

et c'est vrai, j'ai ce gai-savoir."

 

Limpidité, mais de nulle eau, subtilité, mais de nul air,

lumière, et d'aucun feu, esprit, et de nul corps.

 

Devançant tous les existants est son verbe,

antiquement, avant forme et figure.

 

C'est par lui que les choses se sont ici dressées et,

par décision sage,

en elles il s'est voilé par crainte de l'abêti.

 

Pour lui mon âme est l'errante d'amour,

au point qu'ils se mélangèrent intimement,

sans qu'un corps s'insinuât en l'autre.

 

C'est vin, et c'est non vigne, et Adam est mon père

et c'est vigne, et non vin, et sa mère est ma mère. »

(Omar Ibn al-Farîdh, Al-Khamriya)

 

 

« Nous avons bu à la mémoire du Bien-Aimé un vin

dont nous nous sommes enivrés avant la création de la vigne.

La pleine lune est son verre ; et lui est un soleil que fait circuler un croissant..

Que d'étoiles resplendissent quand il est mélangé.

Sans son parfum, je n'aurai pas trouvé le chemin de ses tavernes.

Sans son éclat, l'imagination ne pourrait le concevoir. »

 

« On me dit : "Décris-le, toi qui es si bien informé de ses qualités." –

Oui, en vérité, je sais comment le décrire.

C'est une limpidité, et ce n'est pas de l'eau, c'est une fluidité

et ce n'est pas de l'air, c'est une lumière sans feu et un esprit sans corps. »

 

« Si tu t'enivres de ce vin, fût-ce la durée d'une seule heure,

le temps sera ton esclave docile et tu seras la puissance.

Il n'a pas vécu ici-bas celui qui a vécu sans ivresse, et celui-là

n'a pas de raison, qui n'est pas mort de son ivresse.

Qu'il pleure sur lui-même, celui qui a perdu sa vie sans en prendre sa part. »

 

« Ce vin, c'est l'amour divin éternel qui apparaît

dans les manifestations de la création (…).

Et c'est encore, ce vin, la lumière qui brille en tout lieu,

et c'est encore le vin de l'existence véritable et l'appel véridique.

Toute chose a bu de ce vin et elle en apparaît l'ombre

et ce qui donne l'ombre. Il est l'amour qui fait germer toutes les graines

et il est le vin qui enivre l'esprit, et il est l'existence

qui fait déborder toutes les générosités. »

(Omar Ibn al-Farîdh, Al-Khamriya)

 

 

« Une jolie femme sorte bien habillée,

c'est une belle bouteille vide parée d'une superbe étiquette. »

(Alphonse Allais)

 

 

« La civilisation, qu'est-ce que c'est, sinon la caserne, le bureau, l'usine,

les apéritifs et les garçons de banque ? »

(Alphonse Allais)

 

 

« Je bois pour oublier que je suis un ivrogne. »

(Alphonse Allais)

 

 

« Si j'étais riche, je pisserais tout le temps. »

(Alphonse Allais)

 

 

« Pourquoi l'homme tue-t-il ? Il tue pour sa nourriture.

Et point uniquement pour cela :

il faut boire aussi. »

(Woody Allen)

 

 

« Brûlez de vieux bois, buvez de vieux vins, lisez de vieux livres,

ayez de vieux amis. »

(Alphonse XI)

 

 

« C'est pourquoi, puisque vous opprimez le pauvre et que vous exigez

de lui des présents de blé – ces palais en pierres de taille

que vous avez fait bâtir, vous n'y habiterez point.

Et ces vignes délicieuses que vous avez plantées,

vous n'en boirez pas le vin. »

(Le livre d'Amos 5 : 11)

 

 

« Voici que les jours viennent, dit l’Éternel, où le laboureur sera suivi de près

par le moissonneur, et où celui qui foule les raisins se rencontrera

avec celui qui répand la semence. Du flanc des montagnes couleront

des fleuves de vin nouveau, et toutes les collines en ruisselleront.

Je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israël :

ils rebâtiront les villes dévastées, et ils y habiteront.

« Ils replanteront des vignes et en boiront le vin ; ils cultiveront des jardins

et en mangeront les fruits. Je les replanterai dans leur terre,

et ils ne seront plus jamais arrachés du pays que je leur ai donné. »

(Le livre d’Amos 9 : 13-15)

 

 

« Le vin noie les soucis »

(Anacréon)

 

 

« Mais moi, tenant le skyphos tout plein,

j'en bois un peu en portant la santé à Erxion. »

(Anacréon)

 

 

« Ce qui compte, c'est moins le bistrot que le chemin qui y mène.

Un rêve, une petite mythologie se fabrique en route. »

(Claude Andrzejewski)

 

 

« Il y a une vieille légende à propos d'un saint qui devait choisir un des sept péchés capitaux ; il choisit celui qui lui parut le moins grave, l'ivrognerie,

et avec celui-là il commit les six autres péchés. »

(Hans Christian Andersen)

 

 

« Miracle du vin, qui refait de l'homme ce qu'il n'aurait  jamais dû cesser d'être :

l'ami de l'homme. »

(René Angel)

 

 

« De nos jours, le premier penseur de bistrot venu,

sous prétexte qu'il boit un coca-cola,

les fesses sur du plastique, sous un tube de néon,

a tendance à croire qu'il en sait forcément plus long que Platon. »

(Jean Anouilh)

 

 

« Être ivrogne ce n'est pas une sinécure...

Si tu savais l'intention et la persévérance qu'il faut

Toujours à remplir des verres et à les vider.

On vous prend pour un riche oisif,

en fait c'est un travail de plongeur. »

(Jean Anouilh)

 

 

« La mode des cocktails avant les repas

a été lancée par un cuisinier qui avait brûlé le rôti. »

(Chester Anthony)

 

 

« Deux choses ne peuvent se cacher : l'ivresse et l'amour. »

(Antiphane)

 

 

« Un troisième ange les suivit, en disant d'une voix forte :

« Si quelqu'un adore la bête et son image, et qu'il en prenne la marque sur le front

ou sur la main, il boira, lui aussi, du vin du courroux de Dieu,

versé pur dans la coupe de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu

et dans le soufre, en présence des saints anges

et en présence de l'Agneau. »

(Le livre de l'Apocalypse 14 : 9-10)

 

 

« Un autre ange le suivit, qui disait :

« Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande, qui a abreuvé

toutes les nations du vin de son impudicité effrénée. »

(Le livre de l’Apocalypse 14 : 8)

 

 

« Un autre ange sorti du temple qui est dans le ciel, tenant, lui aussi, une faucille tranchante. Un autre ange, qui avait un pouvoir sur le feu, sortit de l’autel. Il cria, d’une voix forte, à celui qui tenait la faucille tranchante, et lui dit : «Lance ta faucille tranchante, et vendange les grappes de la vigne de la terre ; car ses raisins sont mûrs ». L’ange lança sa faucille sur la terre et vendangea la vigne de la terre ; et il jeta la vendange dans la grande cuve du courroux de Dieu. La cuve fut foulée hors de la ville ; et de la cuve, il sortit du sang qui montait jusqu’aux freins des chevaux, sur un espace de mille six cents stades. »

(Le livre de l’Apocalypse 14 : 14-20)

 

 

« La grande ville fut divisée en trois parties, et les villes des nations s'écroulèrent ;

et Dieu se souvient de la grande Babylone,

pour lui faire boire la coupe du vin de son ardent courroux…

…Des grêlons énormes, du poids d'un talent, tombèrent du ciel

sur les hommes ; et les hommes blasphémèrent Dieu

à cause du fléau de la grêle ; car c'était un terrible fléau. »

Talent : unité de poids et de monnaie.                                                    (Le livre de l'Apocalypse 16 : 19-21)

 

 

« C'est avec elle que les rois de la terre se sont livrés à l'impudicité ;

et du vin de son impudicité les habitants de la terre se sont enivrés. »

(Le livre de l'Apocalypse  17 :  2)

 

 

« Il sera long, bien long, le temps où nous ne boirons plus  »

(Apollonidas de Smyrne)

 

 

Vendémiaire

 

« Hommes de l'avenir souvenez-vous de moi

Je vivais à l'époque où finissaient les rois

Tour à tour ils mouraient silencieux et tristes

Et trois fois courageux devenaient trismégistes

 

Que Paris était beau à la fin de septembre

Chaque nuit devenait une vigne où les pampres

Répandaient leur clarté sur la ville et là-haut

Astres mûrs becquetés par les ivres oiseaux

De ma gloire attendaient la vendange de l'aube

 

Un soir passant le long des quais déserts et sombres

En rentrant à Auteuil j'entendis une voix

Qui chantait gravement se taisant quelquefois

Pour que parvînt aussi sur les bords de la Seine

La plainte d'autres voix limpides et lointaines

 

Et j'écoutai longtemps tous ces chants et ces cris

Qu'éveillait dans la nuit la chanson de Paris

 

J'ai soif villes de France et d'Europe et du monde

Venez toutes couler dans ma gorge profonde

 

Je vis alors que déjà ivre dans la vigne

Paris Vendangeait le raisin le plus doux de la terre

Ces grains miraculeux qui aux treilles chantèrent

 

Et Rennes répondit avec Quimper et Vannes

Nous voici ô Paris nos maisons nos habitants

Ces grappes de nos sens qu'enfanta le soleil

Se sacrifient pour te désaltérer trop avide merveille

Nous t'apportons tous les cerveaux les cimetières les murailles

Ces berceaux pleins de cris que tu n'entendras pas

Et d'amont en aval nos pensées ô rivières

Les oreilles des écoles et nos mains rapprochées

Aux doigts allongés nos mains les clochers

 

Et nous t'apportons aussi cette souple raison

Que le mystère clôt comme une porte la maison

Ce mystère courtois de la galanterie

Ce mystère fatal d'une autre vie

Double raison qui est au-delà de la beauté

Et que la Grèce n'a pas connue ni l'Orient

Double raison de la Bretagne où lame à lame

L'océan châtre peu à peu l'ancien continent

 

Et les villes du Nord répondirent gaiement

 

Ô Paris nous voici boissons vivantes

Les viriles cités où dégoisent et chantent

Les métalliques saints de nos saintes usines

Nos cheminées à ciel ouvert engrossent les nuées

Comme fit autrefois l'Ixion mécanique

Et nos mains innombrables

Usines manufactures fabriques mains

Où les ouvriers nus semblables à nos doigts

Fabriquent du réel à tant par heure

Nous te donnons tout cela

 

Et Lyon répondit tandis que les anges de Fourvières

Tissaient un ciel nouveau avec la soie des prières

Désaltère-toi Paris avec les divines paroles

Que mes lèvres le Rhône et la Saône murmurent

Toujours le même culte de sa mort renaissant

Divise ici les saints et fait pleuvoir le sang

Heureuse pluie ô gouttes tièdes ô douleur

Un enfant regarde les fenêtres s'ouvrir

Et des grappes de têtes à d'ivres oiseaux s'offrir

 

Les villes du Midi répondirent alors

Noble Paris seule raison qui vis encore

Qui fixe notre humeur selon ta destinée

Et toi qui te retires Méditerranée

Partagez-vous nos corps comme on rompt des hosties

Ces très hautes amours et leur danse orpheline

Deviendra ô Paris le vin pur que tu aimes

 

Et un râle infini qui venait de Sicile

Signifiait en battement d'ailes ces paroles

 

Les raisins de nos vignes on les a vendangés

Et ces grappes de morts dont les grains allongés

Ont la saveur du sang de la terre et du sel

Les voici pour ta soif ô Paris sous le ciel

Obscurci de nuées faméliques

 

Que caresse Ixion le créateur oblique

Et où naissent sur la mer tous les corbeaux d'Afrique

Ô raisins Et ces yeux ternes et en famille

L'avenir et la vie dans ces treilles s'ennuyent

 

Mais où est le regard lumineux des sirènes

Il trompa les marins qu'aimaient ces oiseaux-là

Il ne tournera plus sur l'écueil de Scylla

Où chantaient les trois voix suaves et sereines

 

Le détroit tout à coup avait changé de face

Visages de la chair de l'onde de tout

Ce que l'on peut imaginer

Vous n'êtes que des masques sur des faces masquées

 

Il souriait jeune nageur entre les rives

Et les noyés flottant sur son onde nouvelle

Fuyaient en le suivant les chanteuses plaintives

Elles dirent adieu au gouffre et à l'écueil

À leurs pâles époux couchés sur les terrasses

Puis ayant pris leur vol vers le brûlant soleil

Les suivirent dans l'onde où s'enfoncent les astres

 

Lorsque la nuit revint couverte d'yeux ouverts

Errer au site où l'hydre a sifflé cet hiver

Et j'entendis soudain ta voix impérieuse

Ô Rome

Maudire d'un seul coup mes anciennes pensées

Et le ciel où l'amour guide les destinées

 

Les feuillards repoussés sur l'arbre de la croix

Et même la fleur de lys qui meurt au Vatican

Macèrent dans le vin que je t'offre et qui a

La saveur du sang pur de celui qui connaît

Une autre liberté végétale dont tu

Ne sais pas que c'est elle la suprême vertu

 

Une couronne du trirègne est tombée sur les dalles

Les hiérarques la foulent sous leurs sandales

Ô splendeur démocratique qui pâlit

Vienne la nuit royale où l'on tuera les bêtes

La louve avec l'agneau l'aigle avec la colombe

Une foule de rois ennemis et cruels

Ayant soif comme toi dans la vigne éternelle

Sortiront de la terre et viendront dans les airs

Pour boire de mon vin par deux fois millénaire

 

La Moselle et le Rhin se joignent en silence

C'est l'Europe qui prie nuit et jour à Coblence

Et moi qui m'attardais sur le quai à Auteuil

Quand les heures tombaient parfois comme les feuilles

Du cep lorsqu'il est temps j'entendis la prière

Qui joignait la limpidité de ces rivières

 

Ô Paris le vin de ton pays est meilleur que celui

Qui pousse sur nos bords mais aux pampres du nord

Tous les grains ont mûri pour cette soif terrible

Mes grappes d'hommes forts saignent dans le pressoir

Tu boiras à longs traits tout le sang de l'Europe

Parce que tu es beau et que seul tu es noble

Parce que c'est dans toi que Dieu peut devenir

Et tous mes vignerons dans ces belles maisons

Qui reflètent le soir leurs feux dans nos deux eaux

Dans ces belles maisons nettement blanches et noires

Sans savoir que tu es la réalité chantent ta gloire

Mais nous liquides mains jointes pour la prière

Nous menons vers le sel les eaux aventurières

Et la ville entre nous comme entre des ciseaux

Ne reflète en dormant nul feu dans ses deux eaux

Dont quelque sifflement lointain parfois s'élance

Troublant dans leur sommeil les filles de Coblence

 

Les villes répondaient maintenant par centaines

Je ne distinguais plus leurs paroles lointaines

Et Trèves la ville ancienne

À leur voix mêlait la sienne

L'univers tout entier concentré dans ce vin

Qui contenait les mers les animaux les plantes

Les cités les destins et les astres qui chantent

Les hommes à genoux sur la rive du ciel

Et le docile fer notre bon compagnon

Le feu qu'il faut aimer comme on s'aime soi-même

Tous les fiers trépassés qui sont un sous mon front

L'éclair qui luit ainsi qu'une pensée naissante

Tous les noms six par six les nombres un à un

Des kilos de papier tordus comme des flammés

Et ceux-là qui sauront blanchir nos ossements

Les bons vers immortels qui s'ennuient patiemment

Des armées rangées en bataille

Des forêts de crucifix et mes demeures lacustres

Au bord des yeux de celle que j'aime tant

Les fleurs qui s'écrient hors de bouches

Et tout ce que je ne sais pas dire

Tout ce que je ne connaîtrai jamais

Tout cela tout cela changé en ce vin pur

Dont Paris avait soif

Me fut alors présenté

 

Actions belles journées sommeils terribles

Végétation Accouplements musiques éternelles

Mouvements Adorations douleur divine

Mondes qui vous ressemblez et qui nous ressemblez

Je vous ai bus et ne fus pas désaltéré

 

Mais je connus dès lors quelle saveur a l'univers

Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers

Sur le quai d'où je voyais l'onde couler et dormir les bélandres

 

Écoutez-moi je suis le gosier de Paris

Et je boirai encore s'il me plaît l'univers

 

Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie

 

Et la nuit de septembre s'achevait lentement

Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine

Les étoiles mouraient le jour naissait à peine. »

Vendémiaire_saviez-vous

 

(Guillaume Apollinaire - 1880 - 1918)

 

 

« Et s’écrie en versant des larmes

Baquet plein de vin parfumé

Viennent aujourd’hui les gendarmes

Nous aurons bu le vin de mai

Allons Julia la mam’zelle

Bois avec nous ce clair bouillon

D’herbe et de vin de Moselle.

***

Mon verre s’est brisé comme un éclair de rire.

***

Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme.

***

L’univers tout entier concentré dans ce vin. »

(Guillaume Apollinaire)

 

 

« Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire. »

(Guillaume Apollinaire)

 

 

« Que Paris était beau à la fin de septembre

Chaque nuit devenait une vigne dont les pampres

Répandaient leur clarté sur la ville et là-haut

Astres mûrs becquetés par les ivres oiseaux

De ma gloire attendaient la vendange de l’aube (...)

Je vis alors que déjà ivre dans la vigne Paris

Vendangeait le raisin le plus doux de la terre

Ecoutez-moi je suis le gosier de Paris

Et je boirais encore s’il me plaît l’univers. »

(Guillaume Apollinaire)

 

 

« Rappelle-toi cet excellent homme

Il descendait en soufflant un peu, les escaliers de la cave,

et toi, enfant, tu le suivais en tenant le vieux chandelier de fer

et le taste-vin d'argent. Il faisait le tour des casiers ; il souriait en passant

à ce subtil Meursault, limpide et brillant d'une belle teinte d'or vert ;

à ce Chambertin dont la pourpre rappelle

les plus magnifiques soleils couchants. »

(Guillaume Apollinaire)

 

 

« J'ai comme toi pour me réconforter

Le quart de pinard

Qui met tant de différence entre nous et les Boches. »

(Guillaume Apollinaire)

 

 

« Mais d’autres disaient en se moquant : « C’est qu’ils sont pleins de vin doux. »

(Les Actes des Apôtres 2 : 13)

 

 

« Vous direz que les mots éperdument me grisent

Et que j'y crois goûter le vin de l'infini.

"Les Yeux et la Mémoire, Sacre de l'avenir". »

(Louis Aragon)

 

 

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« Je suis un réceptacle du bonheur que le vin procure, et ça se voit ...»,

lance-t-il en trinquant avec sa voisine. Il parle de sa difficulté à garder la ligne.

Il faut avoir la forme pour être tous les soirs sur la scène du Théâtre Edouard VII

et jouer Comme s'il en pleuvait...

L'homme du Sang de la vigne aime le vin, collectionne les bouteilles,

n'hésite pas à promouvoir des grands crus.

Et a bien voulu répondre aux cinq questions des Fous de vin. Merci et chapeau bas !

 

- Le déclic ? Le premier verre ? Si je m'en souviens ! C'était une horrible piquette, un candeval vendu chez  Nicolas... C'était dans le début des années 1960. Quand on buvait du vin à la maison c'était très mauvais, du vinaigre presque. Et puis, un jour, bien plus tard, j'ai bu à Lyon des beaujolais et j'ai aimé ça. Puis mon ami Jean Poiret m'a fait rencontrer Lucien Legrand, des caves du même nom, vous voyez où c'est ? Lucien m'a fait découvrir des Saumur-Champigny, c'était très à la mode, puis des côtes-rôtis de Guigal, je vous parle de ça il y a trente ans, la Landonne et la Mouline, qu'il nous a servie avec une côte de bœuf. Depuis, ça m'accompagne... Quand il y a côte de bœuf il y a la Mouline ...

 

- Une devise ? Ne pas boire ou boire sans modération...

 

- Le meilleur souvenir de dégustation ? Petrus 1970 bu en 1984 au restaurant le Crocodile de Strasbourg, pendant la tournée de Un tailleur pour dames... de Feydeau. Ce fut un moment absolument sublime.

 

- Combien de bouteilles en cave ? Bof ! Environ douze mille, beaucoup de bordeaux, de grands crus bien sûr, presque tous, mais aussi des bourgognes, des vins de la vallée du Rhône, de la Loire avec notamment des rouges du Clos Rougeard, de Château Yvonne, des moelleux de Jacky Blot, des Alsaces, des Provences de Clos Milan, et même des vins étrangers et un tout petit peu du Passito de Carole Bouquet.

 

- Les trois coups de cœur du moment ?

. Domaine de l'Aurage, des Mitjaville, un Côte-de-Castillon qui allie tout ce que j'aime dans le vin, je ne dirai pas un vin féminin, car ce terme m'exaspère, cela signifie souvent qu'il s'agit d'un vin sans matière, alors que là, c'est riche, velouté, soyeux, avec une fraîcheur exceptionnelle.

. Un Bourgueil, cabernet franc, la cuvée Mi-Pente du Domaine de la Butte de Jacky Blot, superbe, goûteux, gourmand, subtil et sublime.

. Un Meursault pour finir ? La cuvée les Luchets 2005 de Jean-Marc Roulot. On est là sur un exemple des vins jansénistes, c'est à dire dans une sorte de rectitude, dans une tension extrême, mais si on passe par là, c'est la jouissance, c'est un vin masqué, et j'aime ça...

(À propos de Pierre Arditi– Source recommandée : http://www.fou-rgeot-de-vin.com/)

 

 

« J'aime le rapport à la terre, au temps. Mais je ne saurais pas le faire.

Chacun son truc. Un vigneron ne saurait peut-être pas jouer Shakespeare.

Il y a d'ailleurs très peu d'acteurs qui ont réussi à faire de bons vins. »

(Pierre Arditi – Paris Match 09.2003)

 

 

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« Je goûte beaucoup, j’ai beaucoup de copains dans le vin.

Quand on boit du vin, on goûte la Terre, on avale de l’humanité,

le vin est un titilleur d’imaginaire, un formidable conducteur d’amitié,

et ça me désole de voir, parfois, que la jeunesse française se saoule

avec des alcools dégueulasses.

Mais qu’on arrête de faire de faux procès au vin.

Ça m’issuporte, ça ! »

(Pierre Arditi)

 

 

« Verse nous bien de ton vin rouge,

Jusqu'à ce qu'on touche la lie,

On ne peut pas monter la garde

En demeurant sur sa pépie. »

(Archiloque)

 

 

« Un homme ivre de vin tombe en avant parce qu’il se sent la tête lourde,

mais un homme ivre de bière tombe en arrière

parce qu’il est proprement assommé. »

(Aristote)

 

 

« Dyonisos et Aphrodite vont de paire. »

 

« Le vin développe aussi les ardeurs amoureuses.

La preuve en est que le buveur est amené à embrasser,

même sur la bouche, des personnes que nul à jeun n'embrasserait. »

(Aristote)

 

 

« Le buveur de vin est amené à embrasser, même sur la bouche,

des personnes que nul à jeun n'embrasserait. »

(Aristote)

 

 

« Le vin, ça remet l’homme sur la femme. »

(Léonie Bathiat, dite Arletty)

 

 

« Le vin est une des grandes réussites de l’homme pour transformer

un fruit périssable en quelque chose de permanent. »

(John Arlott)

 

 

« L'humour c'est l'eau de l'au-delà mêlée au vin d'ici-bas. »

(Jean Arp)

 

 

« Boire ou séduire, il faut choisir. »

(José Artur)

 

 

« Donne un poisson à un homme et il mangera une journée.

Apprends un homme à pêcher et il passera ses journées

dans une barque à boire de la bière. »

(Marie-Lyse Aston)

 

 

« Je ne prépare que trois cratères aux gens sensés :

l’un de santé, celui qu’ils boivent le premier, le deuxième d’amour

et de plaisir, le troisième de sommeil ; celui-ci bu, ceux qu’on appelle

les sages rentrent chez eux.

Le quatrième n’est plus le nôtre, il est à l’insolence, le cinquième aux cris,

le sixième aux railleries, le septième aux yeux pochés,

le huitième à l’huissier, le neuvième à la bile, le dixième à la folie,

c’est celui-là qui fait trébucher. »

(Athénée – 230 après J. C)

 

 

« Ce qui me manque, ce n'est pas l'alcool mais l'ivresse. »

(Michel Audiard)

 

 

« Le bistrot est utile à un dialoguiste, mais il y a un risque : l'alcoolisme. »

(Michel Audiard)

 

 

« Je me suis rendu compte que j'avais pris de l'âge le jour

où j'ai constaté que je passais plus de temps à bavarder

avec les pharmaciens qu'avec les patrons de bistrot. »

(Michel Audiard)

 

 

« Dans la vie, il y a des gens qui trinquent

pour que les autres puissent boire. »

(Yvan Audouard)

 

 

« Un petit garçon n'a besoin ni de montre ni de calendrier.

Il passe à table quand on l'appelle, va se coucher quand on lui dit.

Les heures, les jours, les années ne portent pas de numéro. »

(Yvan Audouard)

 

 

« L'apéritif est le seul moment où les gens ont figure humaine. »

(Yvan Audouard)

 

 

« Nous habitions à l'époque rue des Petits-Pères, "Nous", c'est-à-dire "Le Canard". Je me trouvai exceptionnellement seul dans la salle à manger qui nous tenait lieu de salle de rédaction. Treno, le directeur d'alors, entre et s'étonne de ma solitude :

-         Où sont les copains ? …

C’est mon tour de me sentir étonné :

-         Au bistro, bien sûr…

Alors j’ai vu dans son regard une lueur de désespoir et même une certaine détresse :

-         Tous… !

Bien que tout petit buveur lui-même, il pratiquait à notre égard une méritoire tolérance et son inquiétude d’ailleurs se dissipa aussitôt. Il savait, après trente ans d’exercice, que le journal continuait de se faire à « l’annexe », c’est-à-dire au comptoir du Vieux Saumur. Il lui arrivait même de trinquer avec nous.

Car il faut qu’on le sache et qu’on le répète « urbi et orbi » :

au « Canard » on ne BOIT pas, on TRINQUE.

Importante distinction, qui fit dire un jour à Prévert :

"Il y a des gens qui me prennent pour un ivrogne.

Pourtant ils ne m’ont jamais vu boire seul ! …"

 

Pour ramasser ma pensée en une formule lapidaire, je dirai simplement :

« Les bons comptoirs font les bons amis. »

Nos lecteurs ne s’y trompent pas : ils lisent « le Canard »

comme on boit un coup avec un ami. Et quand la cuvée n’est pas réussie,

ils n’hésitent pas à nous engueuler

et à nous dire avec un franc-parler sans indulgence :

"Tu n’étais pas dans ton état normal quand tu as écrit cette connerie…" »

(Yvan Audouard)

 

 

« Poudreux est le flacon, mais vive est la liqueur. »

(Émile Augier)

 

 

« Les dons de Bacchus attirent nos regards errants sur la longue chaîne

de ces crêtes escarpées, sur ces roches, ces coteaux au soleil

avec leurs détours et leurs renfoncements, amphithéâtres naturels

où s’élève la vigne (…) Ainsi mes vignobles se reflètent

dans la blonde Garonne.

Le peuple joyeux à l’ouvrage et l’alerte vigneron (…)

se renvoient à l’envi de grossières clameurs. »

(Ausone)

 

 

« Je suis plus fier de mon vignoble bordelais que de mon œuvre littéraire. »

(Ausone)

 

 

« Dans ces villages qu’on dirait suspendus au bord d’un fleuve,

dans ces collines couvertes de vignes, dans ces belles eaux de la Moselle

qui s’écoulent avec un silencieux murmure, il me semble retrouver

la campagne si brillante de Bordeaux (…)

Dans ces lieux, la vigne couvre le sommet de la montagne,

les revers de la colline et les rivages du fleuve.

Heureux des travaux qui les occupent,

les vendangeurs empressés s’agitent de toute part (…)

À l’heure où l’étoile de Vénus fait avancer les ombres tardives de la nuit (…),

les collines vacillantes semblent nager dans les eaux de la Moselle ;

on voit au loin les pampres s’agiter ;

la vendange paraît grossir dans le cristal de l’onde ;

le marinier trompé compte au milieu des flots les ceps de vigne. »

(Ausone)

 

 

« Ô mon cher Lucanius, je cherche avant tout un vin généreux

qui chasse mes soucis, soutienne mes brillantes espérances,

et qui, en se répandant dans mes veines,

échauffe mon âme et me rende la vigueur de la jeunesse. »

(Ausone)

 

 

« Arrose mes cendres avec du vin.

Un printemps éternel passe sur mon urne

que ne doivent pas mouiller des pleurs.

(Ausone)

 

 

« Les trois ivresses : se sentir homme sur une femme,

plante sous le ciel, néant dans la musique. »

(Evgen Avtsine, dit Claude Aveline)

 

 

« Le style se juge comme le vin : il suffit d’avoir du goût. »

(Evgen Avtsine, dit Claude Aveline)

 

 

« Un ivrogne disait : "De la naissance à la mort, la route est bien courte".

Je la prolonge en zigzaguant. »

(Evgen Avtsine, dit Claude Aveline)

 

 

« On peut ne pas aimer les carottes, les salsifis, la peau du lait cuit. Mais le vin !

Autant voudrait-on détester l'air qu'on respire,

puisque l'un et l'autre sont également indispensables. »

(Marcel Aymé)

 

 

« Dans la rue l’attendait un spectacle merveilleux.

Des dizaines et des dizaines de bouteilles, des crus les plus divers,

déambulaient sur le trottoir. Un moment, il suivit des yeux avec amitié

le couple charmant que formaient un bourgogne râblé

et une fine bouteille d’Alsace au corps élancé (...)

Emmené au poste de police, il y manifesta le désir de boire le commissaire. »

(Marcel Aymé)

 

 

« Félicien aurait été le plus heureux des vignerons s'il n'avait eu pour le vin

une aversion qui paraissait insurmontable (...)

Vainement avait-il tâté de tous les crus

(...) Ayant fait le tour des bourgognes, des bordeaux, des vins de Loire

et du Rhône, des champagnes, des vins d'Alsace, des vins de paille,

des rouges, des blancs, des rosés, des clairets, des algériens et des piquettes,

il n'avait négligé ni les vins du Rhin, ni les tokays, ni les vins d'Espagne,

d'Italie, de Chypre et du Portugal. »

(Marcel Aymé)

 

 

« Voilà Félicien qui se met a sucrer les fraises à pas trente ans d'âge,

et son père, donc, l'Achille Guérillot, un buveur aussi, ah  oui, un buveur.

Enfin quoi, vous l'avez connu. Hein  dites voir, l'Achille Guérillot,

il ne suçait pas des pralines. »

(Marcel Aymé)

 

 

« Il faut boire jusqu'à l'ivresse sa jeunesse

Car tous les instants de nos vingt ans nous sont comptés

Et jamais plus le temps perdu ne nous fait face. »

(Charles Aznavour)

 

 

« Il faut boire jusqu'à l'ivresse

Sa jeunesse

Car tous les instants

De nos vingt ans

Nous sont comptés

Et jamais plus

Le temps perdu

Ne nous fait face. »

(Charles Aznavour)

 

 

« L’histoire du vin, n’est-ce pas l’histoire du monde ?

(Professeur Babrius)

 

 

« Maudit porteur d'eau, viens-tu livrer la guerre

Au Dieu charmant qui remplit mon tonneau ?

Retire-toi, maraud  N'approche pas…tout beau…

À l'aspect d'un seau, je fuirai au bout de la terre.

Si tu veux que de toi je devienne content,

N'apporte de l'eau seulement

Qu'autant qu'il en faut pour rincer mon verre. »

(Le Vieux Bacchus)

 

 

« On ne commande la Nature qu'en obéissant à ses lois. »

(Francis Bacon, philosophe 1561 - 1626)

 

 

« Rien ne vieillit mieux que le bois, les livres, les amitiés ou le vin »

(Francis Bacon, philosophe 1561–1626)

 

 

« L'espoir est un bon déjeuner, mais un mauvais dîner.  »

(Francis Bacon, philosophe 1561–1626)

 

 

« Le vin est l'associé incontournable de la bonne chère. »

(Luc Baudet, vigneron gastronome)

 

 

« Je suis comme étourdi de trop de vin.

Mais ceux qui ignorent l'ivresse,

quel droit jugement peuvent-ils prononcer

à l'encontre de qui est saoul ? »

(Bachar ibn Burd)

 

 

« Le vin délivre les cœurs de leurs peines : c'est pourquoi les sages le nomment

la clé du verrou des tristesses. J'aime cette liqueur de pourpre.

Elle flétrit la face du souci et enfante l'allégresse. »

(Bachar ibn Burd)

 

 

« Qu'est-ce que le vin ?

C'est un corps vivant où se tiennent en équilibre les « esprits » les plus divers,

les esprits volants et les esprits pondérés, conjonction d'un ciel et d'un terroir. »

(Gaston Bachelard)

 

 

« Pour qui rêve les substances dans leur acte profond, l’eau et le vin

sont des liquides ennemis. C’est médecine que de les mêler.

Un vin coupé, un vin coupé d’eau –

la bonne langue française ne s’y trompe pas,

c’est vraiment un vin qui a perdu sa virilité. »

(Gaston Bachelard)

 

 

« Serrer trop fort le pressoir donne un vin qui sent le pépin. »

(Francis Bacon)

 

 

« Rien n'est plus touchant que l'illusion où sont tant de personnes que chez elles on ne mange pas mal. Elles y ont le goût fait. »

(Jacques Bainville)

 

 

Daniel Balavoine

L'alcool n'y change rien

Paroles et Musique : Daniel Balavoine  - 1975

"De vous à elle en passant par moi"

© Editions musicales Paledi

 

« Dis-toi bien que l'alcool n'y change rien

Dis-toi bien que Bon Dieu n'y change rien

Dis-toi bien que le temps n'y change rien

Dis-toi bien que rien n'y change rien

 

(Refrain :)

Si tu n'aimes pas mes violons

Ne les écoute pas

Si tu n'aimes pas mes chansons

Ne les achète pas

Je ne t'en voudrai pas, t'en voudrai pas...

 

Dis-toi bien que tes mains n'y changent rien

Dis-toi bien que tes yeux n'y changent rien

Dis-toi bien que ton cœur n'y change rien

Dis-toi bien que tes pleurs n'y changent rien

 

(Refrain)

 

Dis-toi bien que le juge n'y change rien

Dis-toi bien que ton père n'y change rien

Dis-toi bien que les murs n'y changent rien

Dis-toi bien que les durs n'y changent rien

 

Dis-toi bien que tu m'aimes et n'y peux rien {x 2}

Dis-toi bien que tu m'aimes et n'y peux... »

 

 

« Cabaret : la salle de conseil du peuple. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« Il est certain que nous mourrons ;

Mais il est sûr que nous vivons ;

Rions ! Buvons !

Et moquons-nous du reste. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« Rien ne grise comme le vin du malheur. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« Vieux tonnelier, vieux vigneron (M. Grandet) avait toujours des tonneaux à vendre alors que les tonneaux valaient plus cher que la denrée à recueillir :

il pouvait mettre sa vendange dans ses celliers

et attendre le moment de livrer son poinçon1 à deux cents francs

quand les petits propriétaires donnaient le leur à cinq louis.

Sa fameuse récolte de 18112, sagement serrée, lentement vendue,

lui avait rapporté plus de deux cent quarante mille livres. »

1 Le poinçon de Montrichard, en usage à Saumur vers 1830, contenait environ 250 litres.

2 Année de la Comète.

(Honoré de Balzac)

 

 

« Jérôme-Nicolas Séchard, fidèle à la destinée que son nom lui avait faite,

était doué d’une soif inextinguible (...). Sa passion laissait sur sa physionomie oursine des marques qui la rendaient originale : son nez avait pris

le développement et la forme d’un A majuscule corps de triple canon,

ses deux joues veinées ressemblaient à ces feuilles de vigne

pleines de gibbosités violettes, purpurines et souvent panachées ;

vous eussiez dit d’une truffe monstrueuse

enveloppée par les pampres de l’automne (...)

L’ivrognerie engraisse encore l’homme gras et maigrit l’homme maigre. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« L’inconvénient du vin de Vouvray, Monsieur, est de ne pouvoir se servir ni comme un vin ordinaire, ni comme vin d’entremets ; il est trop généreux, trop fort ; aussi vous le vend-on à Paris pour du vin de Madère en le teignant d’eau-de-vie (...). Mais ce que vous buvez en ce moment est un vin de roi, la tête de Vouvray. J’en ai deux pièces, rien que deux pièces. Les gens qui aiment les grands vins, les hauts vins et qui veulent servir sur leur table des qualités en dehors du commerce, se font servir directement par nous. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« Vois-tu, mon ami, quand le vin est tiré...

S’il est mauvais, il ne faut pas le boire. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« Cette benoîte liqueur, composée de vin choisi, de sucre, de cannelle

et autres épices, est préférée à tous les déguisements ou mélanges

de l’eau-de-vie, appelés ratafias, cent sept ans, eau–des-braves, cassis, vespétro, esprit de soleil, etc. On retrouve le vin cuit jusque sur les frontières

de la France et de la Suisse. Dans le Jura (…), les aubergistes donnent,

sur la foi des commis voyageurs, à ce produit industriel,

le nom de vin de Syracuse excellent d’ailleurs,

et qu’on est enchanté de payer trois ou quatre francs la bouteille...

Dans les ménages morvandiauds et bourguignons, la plus légère douleur,

le plus petit tressaillement de nerfs est un prétexte à vin cuit.

Les femmes pendant, avant et après l’accouchement,

y joignent des rôties au sucre. Le vin cuit a dévoré des fortunes de paysans.

Aussi, plus d’une fois, le séduisant liquide

a-t-il nécessité des corrections maritales. »

(Honoré de Balzac)

 

 

De Traité des excitants modernes :

« L'eau-de-vie ou alcool, base de toutes les liqueurs, dont l'apparition date

des dernières années du règne de Louis XIV, et qui furent inventées

pour réchauffer les glaces de sa vieillesse. »

 

« Certes, l'alcool qui entre comme base dans le vin et dans les liqueurs,

dont l'immense majorité des Français abusent, le café, le sucre,

qui contient des substances phosphorescentes et phlogistiques

et qui devient d'un usage immodéré, doivent changer

les conditions génératives, quand il est maintenant acquis à la science

que la diète ichtyophagique  influe sur les produits de la génération. »

phlogistique : fluide imaginé par les anciens chimistes pour expliquer la combustion.

Ichtyophagique : qui se nourrit principalement de poissons – piscivore.

 

« Comme observateur, il était indigne de moi d'ignorer les effets de l'ivresse.

Je devais étudier les jouissances qui séduisent le peuple, et qui ont séduit, disons-le, Byron après Shéridan, et tutti quanti. La chose était difficile. En qualité de buveur d'eau, préparé peut-être à cet assaut par ma longue habitude du café, le vin n'a pas la moindre prise sur moi, quelque quantité que ma capacité gastrique

me permette d'absorber. Je suis un coûteux convive. »

 

« De l'eau-de-vie : Le raisin a révélé le premier les lois de la fermentation,

nouvelle action qui s'opère entre ses éléments par l'influence atmosphérique,

et d'où provient une combinaison contenant l'alcool obtenu par la distillation, et que, depuis, la chimie a trouvé dans beaucoup de produits botaniques.

Le vin, le produit immédiat, est le plus ancien des excitants : à tout seigneur,

tout honneur, il passera le premier. D'ailleurs, son esprit est celui de tous aujourd'hui

qui tue le plus de monde.

On s'est effrayé du choléra. L'eau-de-vie est un bien autre fléau !

« De nos jours, il y a dans toutes les classes une pente vers l'ivresse

que les moralistes et les hommes d'Etat doivent combattre ;

car l'ivresse, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est la négation

du mouvement social. L'eau-de-vie et le vin menacent

la société moderne. Quand on a vu à Londres les palais du gin,

on conçoit les sociétés de tempérance. »

 

« L'alimentation est la génération : faites graver cet axiome en lettres d'or

dans vos salles à manger. Il est étrange que Brillat-Savarin,

après avoir demandé à la science d'augmenter la nomenclature des sens,

du sens génésique, ait oublié de remarquer la liaison qui existe

entre les produits de l'homme et les substances

qui peuvent changer les conditions de sa vitalité.

Avec quel plaisir n'aurais-je pas lu chez lui cet autre axiome :

La marée donne des filles, la boucherie fait des garçons,

le boulanger est le père de la pensée.

Les destinées d'un peuple dépendent et de sa nourriture et de son régime.

Les céréales ont créé les peuples artistes.

L'eau-de-vie a tué les races indiennes.

J'appelle la Russie une aristocratie soutenue par l'alcool. »

(Honoré de Balzac)

 

 

 

« Le vin, cet excitant des classes inférieures, a, dans son alcool,

un principe nuisible ; mais au moins veut-il un temps indéfinissable,

en rapport avec les constitutions, pour faire arriver l'homme

à ces combustions instantanées, phénomènes extrêmement rares. »

 

« L'ivresse est un empoisonnement momentané .

Aussi, par le retour constant de ces empoisonnements,

l'alcoolâtre finit-il par changer la nature de son sang ;

il en altère le mouvement en lui enlevant ses principes ou en les dénaturant,

et il se fait chez lui un si grand trouble, que la plupart des ivrognes perdent

les facultés génératives ou les vicient de telle sorte qu'ils donnent naissance

à des hydrocéphales. N'oubliez pas de constater chez le buveur,

l'action d'une soif dévorante le lendemain, et souvent à la fin de son orgie. Cette soif, évidemment produite par l'emploi des sucs gastriques

et des éléments de la salivation occupés à leur centre,

pourra servir à démontrer la justesse de nos conclusions. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« Honte à qui n'admirait pas ma joyeuse, ma belle, ma brave Touraine

dont les 7 vallées ruissellent d'eau et de vin. »

 

« On devrait convenir diplomatiquement que la langue française

serait la langue de la cuisine. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« La prospérité porte avec elle une ivresse,

à laquelle les hommes inférieurs ne résistent jamais. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« - Va, Marie, dit gravement Tonsard, au-dessus de la planche

y a encore du vin bouché.

Dans la campagne le vin n'est que d'une seule qualité,

mais il se vend sous deux espèces :

le vin au tonneau, le vin bouché. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« L'ivrognerie engraisse encore l'homme gras

et maigrit l'homme maigre. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« À Saumur, on offre du vin comme dans les Indes une tasse de thé. »

 

« La pépie vient en mangeant. »

(Honoré de Balzac)

 

 

« Nous ne connaissons point d'homme qui se soit encore attristé

pendant la digestion d'un bon dîner. Nous aimons alors à rester

dans je ne sais quel calme, espèce de juste milieu entre la rêverie du penseur

et la satisfaction des animaux ruminants, qu'il faudrait appeler

la mélancolie matérielle de la gastronomie. »

(Honoré de Balzac)

 

 

La question posée

« L'absorption de cinq substances, découvertes depuis environ deux siècles et introduites dans l'économie humaine, a pris depuis quelques années des développements si excessifs, que les sociétés modernes peuvent s'en trouver modifiées d'une manière inappréciable. Ces cinq substances sont :

1° L'eau-de-vie ou alcool, base de toutes les liqueurs, dont l'apparition date des dernières années du règne de Louis XIV, et qui furent inventées pour réchauffer les glaces de sa vieillesse.

2° Le sucre. Cette substance n'a envahi l'alimentation populaire que récemment, alors que l'industrie française a su la fabriquer en grandes quantités et la remettre à son ancien prix, lequel diminuera certes encore, malgré le fisc, qui la guette pour l'imposer.

3° Le thé, connu depuis une cinquantaine d'années.

4° Le café. Quoique anciennement découvert par les Arabes, l'Europe ne fit un grand usage de cet excitant que vers le milieu du dix-huitième siècle.

5° Le tabac, dont l'usage par la combustion n'est devenu général et excessif que depuis la paix en France. Examinons d'abord la question, en nous plaçant au point de vue le plus élevé. Une portion quelconque de la force humaine est appliquée à la satisfaction d'un besoin ; il en résulte cette sensation, variable selon les tempéraments et selon les climats, que nous appelons plaisirs. Nos organes sont les ministres de nos plaisirs. Presque tous ont une destination double : ils appréhendent des substances, nous les incorporent, puis les restituent, en tout ou en partie, sous une forme quelconque, au réservoir commun, la terre, ou à l'atmosphère, l'arsenal dans lequel toutes les créatures puisent leur force néocréative. Ce peu de mots comprend la chimie de la vie humaine. Les savants ne mordront point sur cette formule. Vous ne trouverez pas un sens, et par sens il faut entendre tout son appareil, qui n'obéisse à cette charte, en quelque région qu'il fasse ses évolutions. Tout excès se base sur un plaisir que l'homme veut répéter au-delà des lois ordinaires promulguées par la nature. Moins la force humaine est occupée, plus elle tend à l'excès ; la pensée l'y porte irrésistiblement. »

(Honoré de Balzac)

 

 

DE L'EAU-DE-VIE

Honoré de Balzac

« Le raisin a révélé le premier les lois de la fermentation, nouvelle action qui s'opère entre ses éléments par l'influence atmosphérique, et d'où provient une combinaison contenant l'alcool obtenu par la distillation, et que, depuis, la chimie a trouvé dans beaucoup de produits botaniques. Le vin, le produit immédiat, est le plus ancien des excitants : à tout seigneur, tout honneur, il passera le premier. D'ailleurs, son esprit est celui de tous aujourd'hui qui tue le plus de monde. On s'est effrayé du choléra. L'eau-de-vie est un bien autre fléau ! Quel est le flâneur qui n'a pas observé aux environs de la grande halle, à Paris, cette tapisserie humaine que forment, entre deux et cinq heures du matin, les habitués mâles et femelles des distillateurs, dont les ignobles boutiques sont bien loin des palais construits à Londres pour les consommateurs qui viennent s'y consumer, mais où les résultats sont les mêmes ? Tapisserie est le mot. Les haillons et les visages sont si bien en harmonie, que vous ne savez où fini le haillon, où commence la chair, où est le bonnet, où se dresse le nez ; la figure est souvent plus sale que le lambeau de linge que vous apercevez en analysant ces monstrueux personnages rabougris, creusés, étiolés, blanchis, bleuis, tordus par l'eau-de-vie. Nous devons à ces hommes ce frai ignoble qui dépérit ou qui produit l'effroyable gamin de Paris. De ces comptoirs procèdent ces êtres chétifs qui composent la population ouvrière. La plupart des filles de Paris sont décimées par l'abus des liqueurs fortes. Comme observateur, il était indigne de moi d'ignorer les effets de l'ivresse. Je devais étudier les jouissances qui séduisent le peuple, et qui ont séduit, disons-le, Byron après Shéridan, et tutti quanti. La chose était difficile. En qualité de buveur d'eau, préparé peut-être à cet assaut par ma longue habitude du café, le vin n'a pas la moindre prise sur moi, quelque quantité que ma capacité gastrique me permette d'absorber. Je suis un coûteux convive. Ce fait, connu d'un de mes amis, lui inspira le désir de vaincre cette virginité. Je n'avais jamais fumé. Sa future victoire fut assise sur ces autres prémices à offrir « diis ignotis ». Donc, par un jour d'Italien, en l'an 1822, mon ami me défia, dans l'espoir de me faire oublier la musique de Rossini, la Cinti, Levasseur, Bordogni, la Pasta, sur un divan qu'il lorgna dès le dessert, et où ce fut lui qui se coucha. Dix-sept bouteilles vides assistaient à sa défaite. Comme il m'avait obligé de fumer deux cigares, le tabac eut une action dont je m'aperçus en descendant l'escalier. Je trouvai les marches composées d'une matière molle ; mais je montai glorieusement en voiture, assez raisonnablement droit, grave et peu disposé à parler. Là, je crus être dans une fournaise, je baissai une glace, l'air acheva de me taper, expression technique des ivrognes. Je trouvai un vague étonnant dans la nature. Les marches de l'escalier des Bouffons me parurent encore plus molles que les autres ; mais je pris sans aucune mésaventure ma place au balcon. Je n'aurais pas alors osé affirmer que je fusse à Paris, au milieu d'une éblouissante société dont je ne distinguais encore ni les toilettes, ni les figures. Mon âme était grise. Ce que j'entendais de l'ouverture de la Gazza équivalait aux sons fantastiques qui, des cieux, tombent dans l'oreille d'une femme en extase. Les phrases musicales me parvenaient à travers des nuages brillants, dépouillées de tout ce que les hommes mettent d'imparfait dans leurs œuvres, pleines de ce que le sentiment de l'artiste y imprime de divin. L'orchestre m'apparaissait comme un vaste instrument où il se faisait un travail quelconque dont je ne pouvais saisir ni le mouvement, ni le mécanisme, n'y voyant que fort confusément les manches de basse, les archets remuants, les courbes d'or des trombones, les clarinettes, les lumières, mais point d'hommes. Seulement une ou deux têtes poudrées immobiles, et deux figures enflées, toute grimaçantes, qui m'inquiétaient. Je sommeillais à demi. - Ce monsieur sent le vin, dit à voix basse une dame dont le chapeau effleurait souvent ma joue, et que, à mon insu, ma joue allait effleurer. J'avoue que je fus piqué. - Non, Madame, répondis-je, je sens la musique. Je sortis, me tenant remarquablement droit, mais calme et froid comme un homme qui, n'étant pas apprécié, se retire en donnant à ses critiques la crainte d'avoir molesté quelque génie supérieur. Pour prouver à cette dame que j'étais incapable de boire outre mesure, et que ma senteur devait être un incident tout à faire étranger à mes mœurs, je préméditai de ma rendre dans la loge de Mme la Duchesse de... (gardons-lui le secret), dont j'aperçus la belle tête si singulièrement encadrée de plumes et de dentelles, que je fus irrésistiblement attiré vers elle par le désir de vérifier si cette inconcevable coiffure était vraie, ou due à quelque fantaisie de l'optique particulière dont j'étais doué pour quelques heures. - Quand je serai là, pensais-je, entre cette grande dame si élégante, et son amie si minaudière, si bégueule, personne ne me soupçonnera d'être entre deux vins, et l'on se dira que je dois être quelque homme considérable entre deux femmes. Mais j'étais encore errant dans les interminables corridors du Théâtre-Italien, sans avoir pu trouver la porte damnée de cette loge, lorsque la foule, sortant après le spectacle, me colla contre un mur. Cette soirée fut certes une des plus poétiques de ma vie. A aucune époque, je n'ai vu autant de plumes, autant de dentelles, autant de jolies femmes, autant de petites vitres ovales par lesquelles les curieux et les amants examinent le contenu d'une loge. Jamais je n'ai déployé autant d'énergie, ni montré autant de caractère, je pourrais même dire d'entêtement, n'était le respect que l'on se doit à soi-même. La ténacité du roi Guillaume de Hollande n'est rien dans la question belge, en comparaison de la persévérance que j'ai eue à me hausser sur la pointe des pieds et à conserver un agréable sourire. Cependant, j'eus des accès de colère, je pleurai parfois. Cette faiblesse me place au-dessous du roi de Hollande. Puis j'étais tourmenté par des idées affreuses en songeant à tout ce que cette dame était en droit de penser de moi, si je ne reparaissais pas entre la duchesse et son amie ; mais je me consolais en méprisant le genre humain tout entier. J'avais tort néanmoins. Il y avait ce soir-là, bonne compagnie aux Bouffons. Chacun y fut plein d'attention pour moi et se dérangea pour me laisser passer. Enfin une fort jolie dame me donna le bras pour sortir. Je dus cette politesse à la haute considération que me témoigna Rossini, qui me dit quelques mots flatteurs dont je ne me souviens pas, mais qui durent être éminemment spirituels ; sa conversation vaut sa musique. Cette femme était, je crois, une duchesse, ou peut-être une ouvreuse. Ma mémoire est si confuse, que je crois plus à l'ouvreuse qu'à la duchesse. Cependant elle avait des plumes et des dentelles ! Toujours des plumes et des dentelles ! Bref, je me trouvai dans ma voiture, par la raison superlative que mon cocher avait avec moi une similitude qui me navra, et qu'il était endormi seul sur la place des Italiens. Il pleuvait à torrents, je ne me souviens pas d'avoir reçu une goutte de pluie. Pour la première fois de ma vie, je goûtai l'un des plaisirs les plus vifs, les plus fantasques du monde, extase indescriptible, les délices qu'on éprouve à traverser Paris à onze heures et demie du soir, emporté rapidement au milieu des réverbères, en voyant passer des myriades de magasins, de lumières, d'enseignes, de figures, de groupes, de femmes sous des parapluies, d'angles de rues fantastiquement illuminées, de places noires, en observant , à travers les rayures de l'averse, mille choses que l'on a une fausse idée d'avoir aperçues quelque part, en plein jour. Et toujours des plumes et toujours des dentelles même dans les boutiques de pâtisserie. J'ai dès lors très bien conçu le plaisir de l'ivresse. L'ivresse jette un voile sur la vie réelle, elle éteint la connaissance des peines et des chagrins, elle permet de déposer le fardeau de la pensée. On comprend alors comment de grands génies ont pu s'en servir, et pourquoi le peuple s'y adonne. Au lieu d'activer le cerveau, le vin l'hébète. Loin d'exciter les réactions de l'estomac vers les forces cérébrales, le vin, après la valeur d'une bouteille absorbée, a obscurci les papilles, les conduits sont saturés, le goût ne fonctionne plus, et il est impossible au buveur de distinguer la finesse des liquides servis. Les alcools sont absorbés, et passent en partie dans le sang. Donc, imaginez cet axiome dans votre mémoire :

L'IVRESSE EST UN EMPOISONNEMENT MOMENTANÉ.

Aussi, par le retour constant de ces empoisonnements, l'alcoolâtre finit-il par changer la nature de son sang ; il en altère le mouvement en lui enlevant ses principes ou en les dénaturant, et il se fait chez lui un si grand trouble, que la plupart des ivrognes perdent les facultés génératives ou les vicient de telle sorte qu'ils donnent naissance à des hydrocéphales. N'oubliez pas de constater chez le buveur, l'action d'une soif dévorante le lendemain, et souvent à la fin de son orgie. Cette soif, évidemment produite par l'emploi des sucs gastriques et des éléments de la salivation occupés à leur centre, pourra servir à démontrer la justesse de nos conclusions. »

 

 

« Les petits lapins dans les bois

Folâtrent sur l’herbe arrosée.

Et comme nous le vin d’Arbois,

Ils boivent la douce rosée. »

(Théodore de Banville)

 

 

« C’est la sagesse, aimer le vin,

La beauté, le printemps, le printemps divin,

Cela suffit. Le reste est vain.

***

Au fond du vin se cache une âme. »

(Théodore de Banville)

 

 

« Il leva son verre de champagne qui n’était pas la coupe bête et païenne

par laquelle on l’a remplacé, mais le verre élancé et svelte de nos ancêtres,

qui est le vrai verre de champagne, celui-là qu’on appelle une flûte,

peut-être à cause des mélodies célestes qu’il nous verse dans le cœur. »

(Jules Barbey d’Aurevilly – 1874)

 

 

« Les êtres heureux sont graves. Ils portent en eux attentivement leur cœur

comme un verre plein, que le moindre mouvement

peut faire déborder ou briser. »

(Jules Barbey d'Aurevilly)

 

 

« L'angoisse lui descendit dans l'âme comme une gorgée d'eau-de-vie

dans la gorge... il devint fou d'un seul coup...

tandis que d'autres c'est par petits bouts... »

(Alessandro Baricco)

 

 

« Le meilleur auditoire pour un orateur, c'est celui qui est très intelligent,

très cultivé et un peu saoul. »

(Alben W. Barkley)

 

 

« J’aime boire, mais je n’aime pas les ivrognes, qu’ils soient saouls de vin,

d’une idée ou, pire encore, de Dieu. »

(Fernando Barral)

 

 

« La terre peu à peu la beauté nous dérobe

Pomone va changeant le devant de sa robe

Et ses clisses, paniers de fruits aigrement doux

Pour servir de dessert à son malsain époux

L’automne, qui pieds nus dans la claie trépigne,

Faisant par tout couler le doux vin de la vigne. »

(Guillaume de Salluste du Bartas, La Sepmaine, 1578)

 

 

« Il y a dans la mise en scène d'un bon repas autre chose que l'exercice d'un code mondain ; il rôde autour de la table une vague pulsion scopique :

on regarde (on guette ? ) sur l'autre les effets de la nourriture. »

(Roland Barthes)

 

 

« Il y a dans la mise en scène d'un bon repas,

autre chose que l'exercice d'un code mondain

il rôde autour de la table une vague pulsion scopique :

on regarde (on guette ? )

sur l'autre les effets de la nourriture. »

(Roland Barthes)

 

 

« Le vin est senti par la nation française comme un bien qui lui est propre,

au même titre que ses trois cent soixante espèces de fromages et sa culture.

C'est une boisson-totem, correspondant au lait de la vache hollandaise

ou au thé absorbé cérémonieusement par la famille royale anglaise. »

(Roland Barthes)

 

 

« Où êtes-vous bons biberons ?

Où êtes-vous bachiques trognes ?

Où êtes-vous mes compagnons ?

Mes camarades bons ivrognes ? »

(Olivier Basselin)

 

 

« Se trouvent trois lettres en VIN

Qui font Vigueur, Joye, Nourriture. (...)

Le bon vin redonne vigueur et force au corps qui est malade.

Il chasse la tristesse fade, nourrit le corps, purge le cœur. »

(Olivier Basselin)

 

 

« Mon cher désir, ô bouteille mamie,

Secourez-moi !

Vienne mouiller votre douce liqueur

Mon gosier sec et guérir ma pépie. »

(Olivier Basselin)

 

 

Les propos de table chez le voisin

 

« Lorsqu'on perce chez mon voisin

Un tonneau, de bon cidre plein

Ou de bon vin,

Me semble qu'on me fiance :

j'ay bonne espérance

D'en boire une souspirance

Soir ou matin.

 

Il se plaist d'ouir un cas nouveau,

Quelque romant ou conte beau

De mon cerveau

J'en forge et lui en vais faire,

Pour avoir manière

De faire tirer à boire

De son tonneau.

 

Mon voisin je tiendrois un an

Sur le vin, lorsque du grand Cham

Ou du Soudan

Je lui conte quelque fable,

Qu'il croît véritable,

Ou que je parle à sa table

Du Prestre Jean.

 

Luy et moy, si c'est en hyver,

Nous nous mettons près le fouyer

A deviser

Du temps de son feu grand-père,

Sans cesser de boire,

Comme j'en vais la manière

Vous demonstrer.

 

C'est ainsi comme nous faisons,

Luy et moi, quand nous devisons

Près des tisons ;

Détestant mélancolie

Et chicanerie,

Qui puisse être forbannie

De nos maisons. »

(Olivier Basselin  - Les Vaudevires)

 

 

« Quand mon nez deviendra de couleur rouge ou perse,

Porterai les couleurs que chérit ma maîtresse.

Le vin rend le teint beau !

Vaut-il pas mieux avoir la couleur rouge et vive

Riche de beaux rubis, que si pâle et chétive

Ainsi qu'un buveur d'eau ? »

(Olivier Basselin)

 

 

 

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