Cette liste unique
de citations a
été établie en collaboration avec Philippe
Margot,
auteur du livre Le Vin de la Bouteille au Verre aux
Editions Ketty & Alexandre (en
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Toute
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« La tentation existe pour qu’on y cède. »
(Guy de Maupassant)
« Duroy avait trouvé le Corton à son goût
et il laissait chaque fois remplir son verre. »
« Il parla avec une certaine verve hâbleuse,
excité par le vin et par le désir de plaire. »
« Il se comparaît lui-même à un homme qui goûterait coup sur
coup,
les échantillons de tous les vins et ne distinguerait bientôt
plus
le Château Margaux de l'Argenteuil. »
(Guy de Maupassant)
« Il n'y a que les imbéciles
qui ne soient pas gourmands.
On est gourmand comme on est artiste, comme on est poète.
Le goût, c'est un organe délicat, perfectible et respectable,
comme l'œil et l'oreille. »
(Guy de Maupassant)
« Ma tante m'enseignait qu'il est méprisable
de s'adonner à tout autre commerce que celui du vin. »
(François Mauriac)
Trois attitudes face à la bonne « société » des Chartrons :
L’admiration :
« Depuis que les Tuileries ont brûlé, la noblesse de France a
perdu son emploi ;
mais les chais de Bordeaux sont éternels et le vin royal de chez
nous a le droit
d’ennoblir les familles qui le servent. »
La distance critique :
« Ceux qui vendaient du vin fin avaient le pas sur ceux qui
vendaient aussi
du vin ordinaire et ceux qui vendaient du vin ordinaire n’étaient
guère plus considérés qu’un médecin ou qu’un infime maître de conférence
à l’Université. »
La dérision :
« Cette profession confère ici une sorte de noblesse (...)
Ils ont de larges costumes anglais, s’intéressent au football
;
ils ne lisent jamais et n’ont vu d’autres peintures
que celles de leurs étonnants barbouilleurs locaux.
Ils ne voyagent pas, ayant tous leur propriété à Pessac.
Beaucoup vont cependant jusqu’à Arcachon,
c’est pour eux le bout du monde. »
(François Mauriac)
« L'avantage d'être d'une province, de détenir un cru, de ne
rien produire
qui ne possède un certain parfum,
un bouquet reconnaissable entre mille. »
(François Mauriac)
« À peine la vigne a-t-elle passé fleur, la future récolte
couvre le coteau,
mais il semble qu'elle soit là comme ces jeunes bêtes
que le chasseur attache et abandonne
dans les ténèbres pour attirer les fauves.
Un profond instinct paysan me jetait en avant comme si
j'eusse voulu m'étendre et recouvrir, de mon corps, ma vigne
lapidée. »
(François Mauriac)
« Ne troublez pas ce vin, vous abîmeriez son âme. »
(André Maurois)
« Les civilisations du vin sont fines et délicates.
C'est quelles respectent les plus précieuses valeurs humaines :
le temps, la patience, le goût, le jugement. »
(André Maurois)
Printemps 2008
« ll y a des vins qui sont comme de la lumière.
Souvent il m'a semblé que l'heure qui précède le soleil, le
midi brillant et parfois les couleurs somptueuses du soir étaient des gouttes
de vin. »
« Il y a des vins qui sont comme le vent.
À l'heure des grandes chaleurs, le vigneron sent le fœhn jusqu'à
l'âme, comme un baiser, comme une gifle, les parchets se hérissent. Un merle
se pose sur un échalas. Les gouttes de sève coulent sur les ceps blessés.
Et montent une tendresse, une inquiétude aussi, des vendanges
futures. »
« Il y a des vins qui s'élancent
comme la vigne, exubérants. D'autres qui, comme elle,
sommeillent. Cependant, ils dévoilent des tannins de passion, des terroirs de
légende. »
« C'est le moment .
Quiétude d'un Johannisberg.
Moette doré, élégance d'une Dôle, solennité d'un Pinot,
ferveur d'un Payen…
Lequel est le meilleur ? »
Derrière le Rhône qui vous ouvre la vallée,
… sont-ce les confidences d'un vin nouveau ? »
(Brigitte Valterio Maye - Simon Maye & Fils,
St-Pierre-de-Clages - Valais)
http://www.simonmaye.ch/
Printemps 2008
« Sur le coteau, midi venu,
nous sommes montés.
Avec une provision de pommes de terre,
un fromage frais du pays et une Dôle.
Délicatement tamisée par la lumière de midi
qui lui confère on ne sait quoi de joyeux et de noble,
la Dôle propose de prendre place à sa table.
Elle paraît si simple.
On découvre plus tard,
au moment de s'en aller,
quelle était royale.
Qu'elle est un miracle, soustrait au temps,
aux cris et aux larmes.
Dans notre mémoire
ce repas deviendra
un temps de douceur et de fraternité.
Ce millésime 2008,
indissolublement lié à cette terre
ressemble fort à une grâce à laquelle on accède.
La grâce de vivre.
(Brigitte Valterio Maye - Simon Maye & Fils,
St-Pierre-de-Clages - Valais)
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Printemps 2009
Grappe de Moette 2009.
Le vin est si beau
Il a plus d'une nuance
Dans sa robe.
L'éclat
D'un beau matin de juin.
La lumière
D'un fruit mûri à cœur.
La densité
Des racines profondes.
L'harmonie
Des cépages qui s'enlacent.
L'un dans l'autre
Devenu un.
À chaque fois
Qu'on ouvre une bouteille
Les éléments redeviennent
Vivants.
Que vivent les arômes
Complexes, frais et élégants
De ce grand millésime 2009.
Et que vive le bonheur partagé.
(Brigitte Valterio Maye - Simon Maye & Fils,
St-Pierre-de-Clages - Valais)
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« En travaillant ce matin,
au lever du jour
Sur le coteau de Moette
Entendu un trille strident
un martinet, déjà
Suivi d'un long silence.
Tonalité d'été, à cette heure
sur les vignes
Une lumière dont on ne peut dire
À quel point, par moments,
On se sent proche.
Notre travail est de passer
De ce que l'on voit
à ce que l'on pressent
Chaque vin est pour nous
Un fragment de la vie
Qu'on a écoutée
Élevée.
Que bien entendu
Nous vous révélons
Avec joie
Avec gratitude
Dans ce millésime 2010. »
(Brigitte Valterio Maye - Simon Maye & Fils,
St-Pierre-de-Clages - Valais)
Derrière l’hiver
On sent sourdre le printemps
Le sol héberge la vie.
Des sédiments
Des micro-organismes
Sur des millions d’années
Ont créé ce sol
Lentement
Minutieusement.
Il n’y a pas un atome
Que le vin ne partage
Avec ce sol.
À son tour
Avec son caractère
Ses arômes
Ses reflets
Le vin parle à l’homme
De la création
De la grâce
De l’amitié
Nous sommes heureux
De partager cette vie avec vous
Dans ce millésime 2012.
(Brigitte Valterio Maye - Simon Maye & Fils,
St-Pierre-de-Clages - Valais)
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Nos vignes sur le coteau abrupt d’Ardon.
« Si vous pensiez que les vins n'étaient élaborés que par des
moines
dans des monastères poussiéreux ou par des paysans aux grands
pieds,
vous ne vous êtes pas crédité d'assez de compétence.
Avec un peu d'effort, vous aussi pouvez devenir un vinificateur.
»
(Anabelle Mc Ilnay)
À propos des accords mets et vins :
« Si celui qui se procure du Petrus ou de l'Yquem boit autant
qu'il le peut,
au diable ce qu'il mange, qu'il le donne au chien ! »
(Jay Mclnerney - Bacchus & Me,
Adventures in the Wine Cellar)
« Kiss French – Drink Californian. »
« Embrasse français – bois californien. »
(Jerry Mead)
« On ne manque jamais d'amis à table ;
on en trouve peu dans les moments difficiles de la vie. »
(Théognis de Mégare)
« Les Allemands tiennent table pour faire bonne chère,
et les Français pour réunir des personnes qui se conviennent.
»
(Gabriel Sénac de Meilhan)
« Plutôt dormir avec un cannibale sobre qu'avec un chrétien
ivre. »
(Herman Melville)
« Des prostituées, pour gagner dix malheureuses drachmes,
courent les banquets et boivent du vin à en crever, ou, si
elles ne le font pas vite et sans rechigner,
elles n'ont plus qu'à mourir de faim. »
(Ménandre, poète comique grec,
342-292 av. J.-C.)
« Peut-être l'ivresse
d'écrire se suffit-elle déjà largement à elle-même ?
Et peut-être un lecteur clandestinement amoureux en vaut-il des
milliers
qui n'ont acheté que la beauté des juges ? »
(Guy Ménard)
« À table, c'est comme sur un navire, il ne peut y avoir deux
capitaines,
ou c'est le vin ou c'est l'assiette. »
(Marc Meneau)
« Une maison abritant un grand cellier bien garni fait vivre
votre imagination :
une maison pleine de joie, résistante et profondément enracinée.
»
(George Meredith)
« Cette boisson fermentée à laquelle passionnément les
peuples demeurent attachés est l'expression d'un besoin réel,
car elle facilite la transmutation digestive
et exalte le ton chez l'individu. »
(Professeur Metchnickoff)
« Comme certains vins, la femme est un aliment
qui ne supporte pas le voyage. »
(P. Meyer)
« Cher piot dont je suis esclave,
O que mon destin serait beau,
Si je vous trouvais dans la cave
Qui doit me servir de tombeau !
Faisons durer la guerre
De la soif et du verre. »
(François Meynard)
« Tu sèmeras, mais tu ne moissonneras point ; tu presseras
l'olive,
mais tu ne pourras pas t'oindre d'huile ; tu fouleras la
vendange,
mais tu ne boiras pas de vin. »
(Le livre de Michée 6 : 15)
« De Reims à la Moselle commence la vraie vigne et le vin,
tout esprit en Champagne, bon et chaud en Bourgogne, s’alourdit
en Languedoc
pour se réveiller à Bordeaux. »
(Jules Michelet)
« C'est au vin qu'ils ont dans le cœur que les Français
doivent
d'être le peuple initiateur par excellence. »
(Jules Michelet)
« Nostalgia is the most successful wine
aging processs. »
(Dryar Miller, former restaurant critic
for The New York Times)
« Le vin rehausse la
gloire des banquets
et prépare l'oreille
aux douceurs des chants du luth et de la harpe. »
(John Milton)
« Ils ne sont peut-être pas du tout flattés, les vieux vins,
qu'un larbin vienne confier à l'oreille de tous les invités
la date de leur naissance. »
(André Mirabeau)
« Tu noies tes chagrins dans l'alcool ? Méfie-toi, ils
savent nager. »
(Yves Mirande)
« L'Europe serait presque faite si les Français restaient
chaque jour
une heure de moins au bistrot, et les Allemands une heure de plus
au lit. »
(Jean Mistler)
« Le soleil semble se coucher dans un verre de Tavel aux tons
rubis irisés de topaze. Mais c’est pour mieux se lever dans les cœurs. »
(Frédéric Mistral)
« Notre muscat, boisson diaphane, ô ! Si vous le goûtiez !
L’abeille n’a pas de miel plus doux et il brille comme un pur
diamant.
Et il sent le romarin. »
(Frédéric Mistral)
« J’ai fait moi-même cet élixir, dit Mireille, il s’élabore
quarante jours sur la fenêtre
afin que le soleil en adoucisse l’âcreté. Il y entre de trois
herbes de la montagne,
et le surmoût qui les baigne en garde une senteur qui embaume la
poitrine. »
(Frédéric Mistral)
« Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru,
Verse-nous la poésie
Pour chanter tout ce qui vit
Car c'est elle l'ambroisie
Qui transforme l'homme en Dieu. »
(Frédéric Mistral)
« Un vol de filles d'Arles, le sein fortement agité, empourprées
au galop
de leurs haquenées blanches, viennent lui apporter
une grande corne rase de vin ;
et dans la plaine – alerte ! – le tourbillon de nouveau s'évapore
;
un vol de cavaliers les suivent, brûlants. »
(Frédéric Mistral)
« Quand Bacchus vient et des fouleurs conduit la farandole,
Aux vendanges de Crau et de la fouloire comble,
Quand la boisson bénie, sous les jambes barbouillées de moût,
Dans l'écumante cuvée, échappe à toute bombe. »
(Frédéric Mistral)
« Coupe sainte et débordante verse à pleins bords
verse à flots les enthousiasmes et l'énergie des forts.
(Frédéric Mistral)
« Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin de notre cru.
Verse-nous la poésie
Pour chanter tout ce qui vit
Ars c'est elle l'ambroisie
Qui transforme l'homme en Dieu. »
(Frédéric Mistral)
« Que les cieux soient le prix payé pour une fête où grâce
au vin
Le feu naîtra des flots et l'on s'abreuvera de flammes.
Et quand dans la liesse on aura tout oublié du monde,
On boira encore… »
(Modjir de Beylaghan)
Le bûcheron Sganarelle, buvant au goulot :
« Qu’ils sont doux,
Bouteille jolie,
Qu’ils sont doux
Vos petits glouglous
Mais mon sort ferait bien des jaloux,
Si vous étiez toujours remplie.
Ah, bouteille, ma mie,
Pourquoi vous videz-vous ?
(Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière)
« Je respecte le vin ; vas-t-en, retire-toi ;
Et laisse Amphitryon dans les plaisirs qu'il goûte. »
« Le véritable amphitryon est l'amphitryon où l'on dîne. »
« Quel est le cabaret honneste,
Où tu t'es coiffé le cerveau ?
Était-ce un vin à faire la feste ?
Était-il vieux ou nouveau ? »
(Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière)
Sganarelle
:
La, la, la... Ma foi, c'est assez travaillé pour un coup.
Prenons un peu d'haleine.
Il
boit, et dit après avoir bu :
Voilà du bois qui est salé comme tous les diables.
Qu'ils sont doux,
Bouteille jolie,
Qu'ils sont doux,
Vos petits glougloux !
Mais mon sort ferait bien des jaloux,
Si vous étiez toujours remplie.
Ah ! bouteille, ma mie,
Pourquoi vous videz-vous ?
Allons, morbleu ! il ne faut point engendrer de mélancolie.
(Chanson de Sganarelle - Le Médecin malgré lui - Jean-Baptiste
Poquelin, dit Molière)
Buvons, chers amis, buvons :
Le temps qui fuit nous y convie ;
Profitons de la vie
Autant que nous pouvons.
Quand on a passé l'onde noire,
Adieu le bon vin, nos amours ;
Dépêchons-nous de boire,
On ne boit pas toujours.
Laissons raisonner les sots
Sur le vrai bonheur de la vie ;
Notre philosophie
Le met parmi les pots.
Les biens, le savoir et la gloire
N'ôtent point les soucis fâcheux,
Et ce n'est qu'à bien boire
Que l'on peut être heureux.
Sus, sus, du vin partout, versez,
garçons, versez,
Versez, versez toujours, tant qu'on dise assez.
(Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière - 1622-1673 - Chanson
à boire, du Bourgeois gentilhomme, Acte IV, scène I)
« Ami de trente ans, fille de quinze, et vin d'un an ! »
(Blaise de Lasseran Massencome, seigneur de Monluc ou Montluc)
«
Nous voulons fonder une dynastie. Dans dix ou quinze
générations,
ce serait génial de voir nos héritiers faire du vin
sur
d’autres planètes. Ça serait drôle, non ? “Allo, Scotty ?
Téléporte-moi
une bouteille de vin de Mars ! »
(Michael Mondavi)
« Wine to me is passion. It's family and
friends.
It's warmth of heart and generositiy of
spirit. Wine is art.
It's the essence of civilization and the
Art of Living…
When I pour a glass of truly fine wine,
when I hold it up to the light and admire
its colour,
when I raise it to my nose and savour its
bouquet and essence,
I know that wine is, above all else,
a blessing, a gift of nature, a joy as
pure and elemental
as the soil and vines and sunshine from
which it springs. »
(Robert Mondavi, arvest of Joy : How the
good life became great business, 1998)
« J'aurai un dies irae aux truffes. »
(Charles Pierre Monselet – dernières paroles du journaliste,
mort la veille de Noël)
« La gastronomie est la joie de toutes les situations et de tous
les âges.
Elle donne la beauté de l'esprit. »
« La gastronomie fait trembler d'intelligence nos narines. »
(Charles Pierre Monselet)
L'escargot
« Je t'estime et je t'aime, escargot de Bourgogne,
Pour ta sage lenteur, et ce goût du foyer
Qui te fait transporter ta maison sans ployer,
Vagabond méthodique et cornu sans vergogne.
Mais je bénis surtout Marton dont la besogne
Autour de ton corps gris consiste à marier
Si bien le beurre et l'ail en un fumet princier
Que la truffe en pâlit au fond de la Dordogne.
Viens, je veux te saisir brûlant entre mes doigts,
Avec les précieux égards que je te dois.
Mon appétit robuste au voyage t'invite.
Pour mieux fuir le regret du vignoble doré,
Tu glisses vers ma panse, ô doux invertébré,
Et crois que jamais tu n'as marché si vite. »
(Charles Pierre Monselet)
Au seul Bordeaux
toujours fidèle
Buveur d’hier et
d’aujourd’hui,
J’admets que pour plus
d’un rebelle
L’éclair d’un autre
vin ait lui.
À quoi bon fuir le
parallèle
Avec un loyal ennemi ?
Disons que le Bordeaux
c’est Elle
Et que le Bourgogne
c’est Lui.
(Charles Pierre
Monselet)
« À la question posée à Diogène au sujet de son vin préféré,
il répondit, comme je l'aurais fait : ”celui de quelqu’un
d’autre ! »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Bouteille pleine toute de misères d'une oreille je t'escoute.
»
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Tout ainsi que nature nous fait voir que plusieurs choses
mortes
ont encore des relations occultes à la vie. Le vin s'altère aux
caves,
selon aucune mutation des saisons de sa vigne.
Et la chair de venaison change d'état aux saloirs et de goût,
selon les lois de la chair vive, à ce qu'on dit. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Et, si la douleur de tête nous venait avant l'ivresse,
nous nous garderions de trop boire. Mais la volupté, pour nous
tromper,
marche devant et nous cache sa suite. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Qui ne se donne loisir d'avoir soif, ne saurait prendre
plaisir à boire. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« L'avaricieux a plus mauvais compte de sa passion que n'a le
pauvre, et le jaloux que le cocu. Et il y a moins de mal souvent à perdre sa
vigne qu'à la plaider. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« …Comme le moût bouillant dans un vaisseau pousse à mont
tout ce qu'il y a dans le fond,
aussi le vin fait débonder les plus intimes secrets
à ceux qui en ont pris outre mesure. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Versez-leur du bon vin, ils vous feront de bonnes lois. »
« Le vin est un don de Dieu dont il ne faut pas restreindre les
faveurs. »
« On ne boit pas, on donne un baiser et le vin vous rend une
caresse. »
« Boire à la française, à deux repas et modérément,
c'est trop restreindre les faveurs de ce jeux.
Il faut y avoir plus de temps et de constance…
J'ai vu un grand seigneur de mon temps, personnage de hautes
entreprises
et fameux succès qui, sans effort et entrain, de ses repas
communs,
ne buvait guère moins de cinq lots de vin, environ dix
bouteilles,
et ne montrait à partir de là, que trop sage et avisé
aux dépens de nos affaires. »
« Le vin, ce bon Dieu qui redonne aux hommes
la gaieté et la jeunesse aux vieillards. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Le jambon fait boire
or, le boire désaltère
donc, le jambon désaltère. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Je me laisse aller à certaines formes de verres
et ne bois pas volontiers dans un verre commun,
non plus que d'une main inconnue.
Le vin est capable de fournir à l'âme de la température,
au corps de la santé. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Ny le vin n'en est plus plaisant à celuy qui en sçait les
facultez premières.
Au contraire : et le corps et l'ame interrompent et altèrent le
droit
qu'ils ont de l'usage du monde, y meslant l'opinion de science.
»
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Bu en petite quantité, il éveille et fait revivre celui qui,
par défaillance de cœur, se meurt ;
et en grande, endort et tue l'ivrogne,
devenant instrument de toute intempérance,
pour ceux qui dissoluement en abusent,
et au contraire, aiguisant l'esprit,
pris selon son légitime usage. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« La coutume a tort de condamner le vin parce que quelques-uns
s'en enivrent. »
(Michel
Eyquem de Montaigne)
« Je ne sais si mes vins doivent leur réputation à mes livres
ou mes livres à mes vins. »
(Michel Eyquem de Montaigne)
« Il faudrait donner le fouet à un jeune homme qui s'amuserait
à distinguer les goûts des vins et des sauces ; il n'est rien que j'aie
jamais moins su, et moins aimé faire - mais à l'heure qu'il est, je
l'apprends. J'en éprouve bien de la honte, mais qu'y faire ? J'ai encore plus
de honte et de dépit envers les causes qui m'y poussent : c'est à nous de rêvasser
et de baguenauder, et à la jeunesse de veiller à sa réputation et de se
pousser.
Elle va vers le monde, la reconnaissance : nous en venons. »
(Montaigne, Les Essais, chap. V « Sur des vers de Virgile »)
« Le parler que j'aime, c'est un parler simple et naïf, tel sur
le papier qu'à la bouche,
un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant délicat
et peigné
que véhément et brusque.
J'aimerais mieux que mon fils apprit à parler aux tavernes
qu'aux écoles de la parlerie.
(Michel de Montaigne)
« Boissons liées à l'imaginaire de la célébration et de la fête,
il a également assumé la légende de bon conducteur de la
sensualité,
voire de potion aphrodisiaque pour fétichistes prêts à boire
dans les escarpins à talon haut d'une femme aux pieds fins,
comme les aimait J. Kessel. »
(Manuel Velasquez de Montalban)
« Le raisin, le vin et l’humeur des Gascons
sont d’excellents antidotes contre la mélancolie. »
(Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu)
« Le vin est si cher à Paris, par les impôts que l’on y met,
qu’il semble qu’on ait entrepris d’y faire exécuter le précepte
du divin Alcoran qui défend d’en boire. »
(Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu)
« Le raisin, le vin et l'humeur des Gascons
sont d'excellents antidotes contre la mélancolie. »
« Heureux les gourmands, ils ont des plaisirs que nous ignorons.
»
« Bacchus, le vrai, le seul, c'est Bacchus conservant les mêmes
grâces
qui touchèrent Ariane. Aussi tendre et brillant
c'est un dieu à suivre et non à craindre ;
toujours agréable à Vénus, il ne connut d'ivresse que
l'ivresse de l'amour. »
(Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu)
« Bacchus, le vrai, le seul, c'est Bacchus conservant toujours
les mêmes grâces qui touchèrent Ariane. Aussi tendre que
brillant,
c'est un Dieu à suivre et non à craindre ; toujours agréable
à Vénus,
il ne connut d'ivresse que l'ivresse de l'amour. »
(Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu)
« Il ne faut pas mettre du vinaigre dans ses écrits, il faut y
mettre du sel. »
(Charles de Secondat,
baron de la Brède et de Montesquieu)
« Je ne sais si mes vins doivent leur réputation à mes livres
ou mes livres à mes vins. »
(Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu)
«
Où il y a de la vigne, il y a de la civilisation.
Il
n’y a pas de barbarie. »
(Hubert
de Montille)
Alix
:
«
Un vin pute, il vient tout de suite à vous.
Hubert
:
Ce
sont des vins qui bluffent.
AIix
:
Ce
sont des vins qui vous en foutent
plein
la gueule dès le départ.
Ou
qui sont tout en rondeur,
et
qui vous lâchent d’un seul coup.
Hubert
:
Qui
vous lâchent. Tac, ça tombe !
Il
y a plus rien.
Alix
:
Ce
sont des vins traîtres, en fait.
Hubert
:
Mais
le monde moderne,
parce
qu’il n’a plus le temps de rien,
est habitué, il aime se faire bluffer. »
(Alix & Hubert de Montille)
« Où il y a de la vigne, il y a de la civilisation. Il n’y a
pas de barbarie. »
« La marque, c’est la culture anglo-saxonne. Vous cultivez la
marque,
Mondavi cultive la marque. Ici, on cultive l’appellation
d’origine.
Et l'on s’aperçoit au bout de 50 ans que c’est
l’appellation d’origine qui prime
sur la marque. Parce que la marque, ça s’oublie. C’est comme
les gens… »
« Aux États-Unis, en Californie, ils ont le sens du marketing.
On va noyer l’absence de terroir par le bois.
On va expliquer que le goût du vin, c’est le goût du bois…
Et on va convaincre les Français -qui eux ont du terroir- que
c’est ça qui plaît ! »
« La compétence et le sérieux, c’est différent. Et le
talent et l’application,
c’est différent. Hein ! Alors ! »
(Hubert de Montille, Volnay)
Alix et son père, Hubert de Montille, dégustent devant les fûts
de la cave. La fille de Montille s’exprime : « En fait, avec papa, on a
souvent les mêmes goûts… en termes de dégustation. On aime bien les vins
ciselés. »
-En termes de personnes aussi, ajoute le père.
-On n’aime pas les gens mous, on n’aime pas les vins mous.
-De toute façon, continue Alix, je crois qu’on fait les vins
comme on est. Papa, c’est… Bon. C’est quelqu’un qui peut être très
sympathique, comme fort désagréable d’ailleurs.
-Ouais, acquiesce Hubert de Montille.
-Vous le reconnaissez ? demande l'ami de passage.
-Oui, bien volontiers. Je suis odieux des fois.
-Et qui peut être assez acerbe, précise sa fille. Et ses vins,
parfois, le sont aussi. [Alix rit. Son père moins, il se retourne pour
cracher le vin de dégustation par terre, à côté d’elle.]
-Vous allez cracher sur votre fille, là ? S’étonne l'ami de
passage.
-Pas encore, réplique le père.
-Papa fait des vins très rigides à la limite de l’austérité.
-C’est vrai. Mais, ils étaient bons au bout de 15 ans.
-Ouais, c’est comme toi. On t’apprécie au bout d’un moment
! »
(Alix et Hubert de Montille, Volnay)
« Le vin rouge français a toujours, en Angleterre, un goût
d’encre ;
en France, il a un goût de soleil. »
(Thomas Moore)
« La fortune ayant tourné, Londres le retrouva ambassadeur,
donnant des fêtes de quarante mille francs et buvant le tokaj de
Rothschild... »
(Paul Morand – Londres 1933)
« L'apéritif, c'est la prière du soir des Français. »
(Paul Morand)
« J¹envie vos voyages ; avec de l¹orvieto,
un casino discret à Murano, une nonne aux seins fardés et une lettre de
change sur Milord Cook, il n¹est point de tristes pensées à Venise. »
(Paul Morand, Venise)
J'allais une fois par semaine rue Marignan au dîner du dimanche de
ma grand-mère maternelle, en respecter les rites. (Je revois ces rites : bouteilles
de bordeaux décantées avec, au col de chaque carafe, un petit cœur de papier où on lisait le cru et l'année ; compotiers où pyramidaient cerises et fraises, sans qu'une queue dépassât ; quelques adages flottent encore dans ma mémoire
comme : « C'est meilleur le lendemain, réchauffé. »
(Paul Morand, Venise)
« La suite au prochain apéro. »
(François Morel)
« Meursault doit son antique réputation à ses vins blancs.
Un goût particulier qui ressemble à celui de la noisette suffit
pour le distinguer.
On peut y ajouter encore une franchise et une finesse exquise. »
(Dr.Jules Morelot –1931)
« L'alcool est une manière de réagir à la vie
dans un environnement surpeuplé. »
(Jim Morrison)
« Pain bénit des années, des vies, de l'Histoire :
Le terroir nous inspire une sorte de piété seconde, comparable
au pain bénit
de nos anciens dimanches par comparaison avec l'Eucharistie.
Le terroir, c'est le pain bénit des années, des vies, de
l'Histoire.
Et je ne sais pourquoi, à certains moments, ce mot lui-même,
dans une ambiance soudaine crépusculaire,
offre un silence rempli d'une sorte de vénération diffuse ;
les silences du terroir sont nos compagnons secrets, durablement
présents ;
ils coexistent avec la sensation d'un mystère sacré.
Le terroir, ce n'est pas encore la patrie couronnée,
mais c'en est déjà le pressentiment,
et le désir d’une pleine signification de notre patrie. »
(Jean-Baptiste Morvan)
« Dans le vin, on oublie tous les maux,
Sans vin, l'homme est à moitié mort. »
(Michel Moscherosch)
« Le vin apporte plaisanterie et fraternité,
le vin attire maints amis,
l’eau les fait partir. »
(Michel Moscherosch)
Viens, fils de Vénus,
Viens dans ces beaux lieux trouver Bacchus
Quand des cieux tu descends sur la terre,
Cours au verre
Tremper tes traits,
Son nectar augmente leurs attraits.
Règne sous la treille,
Que tes fers sont doux et charmants !
Quand la vigne vermeille sert d'asile aux heureux amants !
Cher Bacchus, l'Amour t'implore,
Tendre Amour, Bacchus t'adore ;
Triomphez, puissants vainqueurs,
Nous sentons le prix de vos faveurs ;
Partagez tous deux l'encens des cœurs. »
« Chantez Bacchus et ses dons précieux,
Mortels, dans vos chagrins sa liqueur vous console :
La terre a son nectar aussi bien que les cieux,
Dès qu'il coule la nuit s'envole :
Il calme nos regrets, il flatte nos désirs,
Il interrompt nos pleurs, il suspend nos alarmes :
À la triste raison il ne ravit les armes
Que pour les donner aux plaisirs.
De la plus belle fête, il redouble les charmes. »
« Nous sommes gardiens d'un précieux trésor
Qui passe les rubis, les diamants et l'or,
Que l'avarice adore, et dont elle est esclave ;
Nous avons les clefs de la cave. »
« Les Indes ont ployé sous mon effort divin,
L'univers est témoin de ma grandeur parfaite,
Et je ne fus jamais vaincu que par le vin,
Mais je trouve ma gloire en ma propre défaite. »
« …Pour avaler à longs traits du grand vin de la gloire.
Déjà la nature et les cieux en naissant m'en ont tant fait
boire,
Qu'on voit qu'il me sort par les yeux. »
« Nous avons inventé l'art de presser Bacchus,
Et fouler au pied la vendange,
Afin d'en exprimer le jus.
Bacchus s'en plaint, Amour le venge,
Et comme nous avons pressé cette liqueur,
Il fait que vos beaux yeux nous vont pressant le cœur
D'une manière plus étrange,
Ainsi par sa permission,
Nous sommes tourmentés de notre invention. »
« Bacchus, défends à la tristesse
De répandre ici son poison ;
Règne, et que ta charmante ivresse
Nous aide à bannir la raison. »
Ô Ciel ! Quel est l'effet de ce nectar charmant ?
Que vois-je ? Où suis-je ! Je m'égare.
Bacchus de mes esprits s'empare,
Je lui résiste vraiment.
Partagez mes transports, Bacchus vous le commande,
C'est l'honneur qu'il veut qu'on lui rende. »
« L'Amour permet de boire ;
Bacchus ne défend pas d'aimer. »
(Jean-Joseph Mouret - Les Amours des dieux)
« Allaitez-moi seulement le vieillard de bon vin vieil
et vous le verrez sain et gaillard rajeunir de jour à l'autre.
»
(Jean Mousin, médecin à Toul en 1612)
« Dis-donc, compagnon, moi, quand je suis gai, j'ai horreur des
buveurs d'eau, (…) si tu veux vivre comme nous, tu es le bienvenu,
sinon au large, fiche le camp !
(Modest Petrovitch Moussorgski)
« Premier ne puis, second ne daigne, Mouton je suis. »
« Premier je suis, second je fus, Mouton ne change. »
(Devises de Mouton Rothschild)
« Il est un vin, un vin,
Que le Dieu a caché,
Et l’univers et vous
N'en n'êtes qu'une goutte. »
(Mowlânâ)
« L’alcool et les drogues sapent la santé de ceux qui ont
pris l’habitude
de les consommer. Les tissus étrangers sapent les fondations économiques
de la nation et suppriment des millions d’emplois.
Dans les deux cas, la détresse s’installe au foyer
et en conséquence la femme.
Seules les femmes qui ont un mari alcoolique savent
quel ravage le démon de la boisson fait dans les foyers
qui étaient tranquilles est paisibles. Des millions de femmes
dans nos hameaux savent ce que le chômage veut dire. »
(Jean-Marie Muller)
« Qui n'aime ni les huîtres, ni les asperges, ni le bon vin,
n'a pas d'âme et pas d'estomac. »
(Hector Hugh Munro)
« Votre palais a besoin de l'ordinaire comme de l'extraordinaire
pour apprécier la différence. Si vous ne lui donnez rien
d'autre
que le meilleur, il se blase et devient insensible. »
(Brian Murphy)
« Le bouquet est bien le parfum le plus tentant au monde. »
(Brian Murphy)
Loi des connaisseurs en vins :
« Ils dégustent voluptueusement des crus complètement passés
en se référant
à la seule étiquette ou prennent le bordeaux supérieur
pour un bordeaux
qui serait de qualité supérieure et non comme l'AOC d'une
partie du vignoble.
« Quelle que soit la somme d'argent dont vous disposez à l'entrée,
il vous en manquera en milieu de soirée pour offrir un verre à
une belle âme. »
« Le but est toujours marqué quand vous allez chercher à
boire. »
(Loi de Murphy)
« Que c'est un plaisir perfide
Que d'enivrer son âme avec le vin des sens. »
« Allons ! Vive l'amour que l'ivresse accompagne ! »
« J'aime le vin, le jeu et les filles. »
(Alfred de Musset)
« Je hais comme la mort l'état de plagiaire ;
Mon verre n'est pas grand, mais je bois dans mon verre. »
(Alfred de Musset)
« Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse.
Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. »
(Alfred de Musset)
« J'estime le bordeaux, surtout dans sa vieillesse ;
J'aime tous les vins francs, parce qu'ils font aimer. »
(Alfred de Musset)
« Un homme sobre boit du vin ce qu’un homme sage prend de
l’amour :
de quoi connaître l’extase et non l’ivresse. »
(Alfred de Musset)
« Tout fumeur de cigare est un ami,
parce que je sais ce qu'il ressent. »
(Alfred de Musset)
« Combien de temps pensez-vous qu'il faille faire la cour à la
bouteille
que vous voyez pour obtenir d'elle un accueil favorable ?
(…) regardez comme elle est bonne personne !
(…) elle a failli passer tout entière sur mes lèvres
dans la chaleur de son premier baiser. »
(Alfred de Musset)
« Je m'attendais à
quelque chose de dégourdi, d'insolent,
mais de gai, de brave et
de vivace,
quelque chose comme le pétillement
du vin de Champagne. »
(Alfred de Musset, Confessions d'un enfant du siècle)
« J'aime tous les vins francs, parce qu'ils font aimer.
(Alfred de Musset)
À propos de boire :
« Je tâche d'y voir double, afin de me servir à moi-même de
compagnie. »
(Alfred de Musset)
« Nous voyons le temps passer sachant qu'il va nous engloutir,
alors, mélange le vin à l'eau claire, et donne-nous à boire.
»
(Abbad El-Mu'tadid Billah)
« Tu ne viens pas de la côte dorée
Qui de Dijon court jusqu’au Beaujolais ;
Tu n’est pas né dans la plaine altérée
Où le Médoc mûrit pour les Anglais.
Un nom pompeux ne te fait pas connaître ;
Tu n’as pas eu de médaille au concours.
Tu resteras aux bords qui t’ont vu naître
Vin ordinaire, ami de tous les jours. »
(Gustave Nadaud)
« Tu veux la joie ? Demande-la à l'ivresse et à
l'inconscience. »
(Shahryar Nashat)
« Ils s'emparèrent de villes fortes et d'un territoire fertile
;
ils devinrent possesseurs de maisons pleines de toutes sortes de
biens,
de citernes toutes creusées, de vignobles, d'oliviers et
d'arbres fruitiers
en quantité. Ils en mangèrent les fruits et s'en rassasièrent
;
ils engraissèrent et vécurent dans les délices par ta grande
bonté. »
(Le livre de Néhémie 9 : 25)
« Je suis gai ! Je suis gai ! Dans le cristal qui chante,
Verse, verse le vin ! Verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j'ai de la foule méchante !
Je suis gai ! Je suis gai ! Vive le vin et l'Art !...
J'ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d'automne au loin passant dans le brouillard. »
(Émile Nelligan - 1879-1941)
Luiz Alberto Moniz
Bandeira (à droite) et Pablo Neruda.
Ode au Vin de Pablo
Neruda
Vin couleur de jour,
Vin couleur de nuit,
Vin aux pieds de pourpre
ou sang de topaze,
Vin, fils étoilé de la
terre,
Vin lisse comme une épée
d’or,
Doux comme un velours
froissé,
Vin enroulé en spirale
et suspendu,
Amoureux, marin,
Tu n’as jamais tout à
fait contenu dans un verre,
Dans un chant, dans un
homme,
Corail, tu es partout,
Et dans l’intime
aussi.
Tu te nourris parfois de
mortels souvenirs,
Nous allons, sur ta
vague, de tombe en tombe,
Tailleur de pierre, de sépulcre
glacé,
Et pleurons des larmes
provisoires,
Mais ton bel habit de
printemps est différent,
Le cœur grimpe aux
branches,
Le vent agite le jour,
Rien ne reste dans ton
âme immobile.
Le vin excite le
printemps,
Fait croître la joie
comme une plante,
Les murs s’écroulent,
et les rochers,
Les abîmes se comblent,
le chant naît.
Oh toi, jarre de vin,
Dans le désert avec ma
délicieuse aimée,
Disait le vieux poète.
Que la cruche de vin
Au baiser d’amour
ajoute le sien.
Mon amour, ta hanche
tout à coup
Est la courbe pleine du
verre,
Ta gorge la grappe,
La lueur de l’alcool
ta chevelure,
Les raisins le bout de
tes seins,
Ton nombril le sceau pur
imprimé
Sur ton ventre
d’argile,
Et ton amour la cascade
d’inextinguibles vins,
La clarté qui illumine
mes sens,
La splendeur terrestre
de la vie.
Tu n’es pas seulement
l’amour,
Baiser brûlant ou cœur
brûlé
Tu es, vin de vie,
L’amitié, la
transparence,
Le chœur bigarré,
l’abondance de fleurs.
J’aime sur une table,
quand on parle,
La lueur d’une
bouteille de vin intelligent.
Buvez-le, et
souvenez-vous qu’en chaque goutte d’or
Ou coupe de topaze, ou
cuillère de pourpre,
L’automne a travaillé
pour remplir de vin ces flacons
Et apprend, homme
obscur,
Dans le cérémonial de
ton commerce, à te souvenir de la terre
Et de ce qui lui est du,
et à célébrer le cantique du fruit.
Pablo
Neruda, le grand poète chilien du XXe siècle (1904-1973).
« Je dois l'avouer, je n'aime pas l'aigre :
donnez-moi un verre de quelque chose de doux (…)
Aussi vais-je vous faire couler du tokaj… »
(Gérard de Nerval)
« On rencontre même une vigne, la dernière du cru célèbre de
Montmartre, qui luttait du temps des Romains avec Argenteuil et Suresnes.
Chaque année, cet humble coteaux perd une rangée de ses ceps
rabougris,
qui tombent dans une carrière. Il y a dix ans, j’aurais pu
l’acquérir
au prix de trois mille francs. On en demande aujourd’hui trente
mille. »
(Gérard de Nerval)
« Il en est parfois des hommes comme de certains vins qui ont
besoin de vieillir
et de se dépouiller pour avoir toute leur saveur, toutes leurs
qualités. »
(Gérard de Nerval - Extrait du Marquis de Fayolle)
« Ta liqueur rose ô joli vin
Semble faite de sang divin.»
(Gérard de Nerval)
« Rien de tel que le désert pour changer l’eau en vin.»
(Paul Neuhuys)
« Le sens du goût qui est le véritable sens médiateur a
souvent décidé
les autres sens à partager ses opinions sur les choses et leur a
inspiré ses lois
et ses habitudes. On peut s'éclairer à table sur les plus
subtils secrets des arts :
il suffit d'observer ce qui a du goût, à quel moment on sent ce
goût,
quel goût cela a et si on le sent longtemps. »
(Friedrich Nietzsche)
« On peut s’éclairer à table sur les plus subtils secrets
des arts. »
(Frédéric Nietzsche)
« Le christianisme et l'alcool, les deux plus grands agents de
corruption. »
(Friedrich Nietzsche)
« Est-ce parce qu'ils ont pris de la bouteille
que certains êtres sont bouchés ?
(Benjamin Subac (Beni Szczupak), dit Noctuel)
« Si quelqu’un, homme ou femme, s’est mis à part pour se
consacrer à l’Éternel par un vœux de naziréat, il s’abstiendra de vin
et de boisson enivrante.
Il ne boira ni vinaigre de vin, ni vinaigre de quelque autre
boisson enivrante ;
il ne prendra aucune liqueur faite avec des raisins,
et il ne mangera ni raisins frais, ni raisins secs.
Pendant tout le temps de son naziréat, il ne mangera d’aucun
produit de la vigne, pas même les pépins, ni la peau du raisin. »
(Le livre des Nombres 6 : 2-4)
« Ils arrivèrent à la vallée d’Escol, et ils y coupèrent
un sarment
avec une grappe de raisin, qu’ils portèrent à deux au moyen
d’une perche ;
ils prirent aussi des grenades et des figues. On appela ce lieu
la vallée d’Escol,
à cause de la grappe que les enfants d’Israël y avaient coupée.
»
(Le livre des Nombres 13 : 23-24)
« Je te donne aussi les prémices qu’ils doivent offrir à
l’Éternel, c’est-à-dire
tout le meilleur de leur huile, de leur vin nouveau et de leur blé.
»
(Le livre des Nombres 18 : 12)
« Pourquoi nous avez-vous fait quitter l'Égypte pour nous
amener
dans ce mauvais pays, où il n'y a ni figuier, ni vigne, ni
grenadier,
ni eau à boire ? »
(Le livre des Nombres 20 : 5-6)
« La libation sera d'un quart de hin pour chaque agneau :
tu feras dans le lieu saint la libation de vin pur à l'Éternel.
Tu sacrifieras le second agneau entre les deux soirs ; tu feras
la même oblation
et la même libation que le matin ; c'est un sacrifice par le
feu,
d'une odeur agréable à l'Éternel. »
(Le livre des Nombres 28 : 7-8)
« USER, MAIS NE PAS
ABUSER.
D'accord ! Mais où est la frontière exacte ? »
(Jacques Normand)
« La poésie est comme la source.
Pour y boire, il faut s'agenouiller et se pencher. »
(Cyprian Norwid)
« Au cours de mes
rencontres avec des vignerons du monde entier pendant ces 20 dernières années,
j’ai pu constater que ce petit monde à part, pouvait aussi être en soi la
représentation de “tout le monde ”. Il existe une raison très simple à
cela, c’est que le vin, dans sa complexité infinie d’expressions, est sur
la planète entière, la chose la plus à l’image de l’être humain. Il fédère
les traditions judéo-chrétiennes et les traditions gréco-romaines, il les
garde – ou plutôt les prolonge - vivantes, vitales et actuelles. Le vin est
donc un dépositaire unique de la civilisation occidentale. Essayer de saisir
l’état du monde du vin, c’est forcément une quête sur notre relation à
la vie et à la mort, mais aussi une quête sur la transmission d’un passé,
orienté vers l’avenir. »
(Jonathan Nossiter – Mondovino 2004)
«
La qualité humaine, culturelle, est-elle cruciale chez les vignerons ?
Un vigneron est à la
fois un agriculteur, un commerçant et un artiste. Son attachement à la terre
est d'une grande humilité (étant soumis aux caprices de la nature) et parallèlement
le vin qu’il crée par son travail sur cette même terre, est directement lié
aux plus grandes ambitions de la culture dans laquelle il vit. Et comme les
artistes, il essaie de faire rêver, d’apporter des plaisirs, et de
provoquer les échanges entre les gens. L’œuvre pour laquelle le vigneron
donne son âme est - contrairement aux œuvres d’art - intrinsèquement éphémère,
et produit d’immédiateté. Il évite donc nécessairement le piège signalé
par Orson Welles, “la seule chose plus vulgaire que de travailler pour
l’argent, c’est de travailler pour la postérité.” Un vigneron est par
conséquent une des personnes les mieux placées pour révéler les tendances
et les forces sous-jacentes d’une culture à un moment donné. »
(Jonathan Nossiter – Mondovino 2004)
« Bruno a raison : l'émotion sort toute seule.
Après trois mille ans d'écriture sur le vin,
j'ai l'impression que personne n'a réussi à décrire ce que
c'est, le vin.
Qui peut parler du vin ?
Qui a l'autorité pour en parler ?
(Jonathan Nossiter – Le Goût et le Pouvoir)
« Et puis, on ne peut
saisir d'un vin que des expressions momentanées, jamais son essence.
Ce vin d'Anjou qu'on est
en train de boire est affecté par l'ambiance de ce bar,
surchargée d'egos,
d'effluves climatisées contraires à l'essence d'un vin naturel.
On est tous aplatis,
ici. On l'aurait bu tranquillement à la maison, entre amis,
avec peut-être un peu
de vent passant par la fenêtre, il aurait été tout autre…
C'est pour ça que les
jugements définitifs sur les vins, sans parler des notes de Robert Parker,
sont parmi les plus
grosses conneries de la planète.
(Jonathan Nossiter)
« Il y a un instant,
entre la 15ème et la 16ème gorgée de champagne
où tout homme est un
aristocrate. »
(Amélie Nothomb,
Extrait de Le Fait du prince)
Déjeuner sur l'herbe
Tous les deux, on déjeunait sur l'herbe
Et moi j'en avais fumé un peu
À travers mes paupières entrouvertes
L'air bleu
Ton visage à l'envers sur ton buste
Un baiser que tu me donnes à boire
À se croire dans un tableau d'Auguste
Renoir
Un chardonneret qui sifflote
Dans l'eau un bouchon qui flotte
Ma plume qui pêche à la ligne
Un vers insigne
Tous les deux, on déjeunait sur l'herbe
Et moi j'en avais fumé un peu
Tu me disais je t'aime, que ce verbe
M'émeut
Donne-moi encore ta bouche qu'on déguste
L'eau-de-vie de pomme, de prune, de poire,
Dans la toile étoilée de l'auguste
Renoir
Un rouge-gorge qui sifflote
Dans l'eau un bouchon qui flotte
Ma plume qui pêche à la ligne
Une plume de cygne
Tous les deux, on déjeunait sur l'herbe
Et moi j'en avais fumé un peu
Dans mes yeux, un triangle superbe
Tes yeux
Puis le soir obscurcit la pelouse
Pour l'oiseau, laissons les gâteaux secs
C'est parfait. On repart à Toulouse-
Lautrec.
(Claude Nougaro)
Ivresse
« Allons ! Verse le vin, verse encore et reverse !
Dis-moi bien : C'est le vin !
Et ne me fais pas boire en secret,
si tu peux le dire devant nous.
Il n'y a de tricherie ici qu'à me montrer éveillé et lucide ;
le vrai butin, c'est quand je bégaie et chancelle
en proie à mon ivresse. »
Liqueur d'or
« Cesse de me blâmer,
me reprocher mes vices,
c'est me tenter.
Donne-moi pour remède
à ce mal la liqueur
qui l'a fait naître…
Ce vin s'est affiné
sans fréquenter l'eau claire,
afin que l'eau ne puisse lui ravir
son goût ni l'écarter
de son essence. »
(Abû Nuwâs, poète persan, fin du VIIIe siècle)
« Au terme du parcours
Délesté par son séjour
De sa lie, de sa matière
Le vin devint pur esprit !
Substance délicate et légère
Qui transcende la lumière
Et qui n’a pas de prix. »
(Abû Nuwâs, poète persan, fin du VIIIe siècle)
« Un proverbe archiéculé - stupide comme tous les proverbes,
car ce que l’on appelle « bon sens populaire », c’est l’excrément des
nations - prétend que les petits cadeaux entretiennent l’amitié. La belle
blague !
Les cadeaux, comme les cigares et les orgasmes, doivent être
grands !
Ce sont les grands plats qui entretiennent l’amitié, pas les
petits restes. »
(Gérard Oberlé)
« Un obscur polygraphe totalement oublié aujourd’hui, mais
qui fut un ami de Balzac et qui sous le nom d’Horace Raisson a commis
quelques petits livres sans importance vers 1840, a mis en épigraphe de son
”Code gourmand” cette blasphématoire maxime, blasphématoire pour les
seuls petits rongeurs :
« Les grandes pensées viennent de l’estomac. »
Je n’imagine pas les écrivains que j’aime boudant la table.
J’ai l’intuition que les vers d’un poète anorexique, à moins qu’il
ne soit vraiment malade, sont eux aussi rachitiques. Une muse adepte de la
cuisine minceur peut aller se faire mettre par les poètes mondains, les
complimenteurs parasites des salons où les bourgeoises se pâment quand on
leur susurre :
« Baisse un peu l’abat-jour. »
Les grandes bardes, les génies épiques aussi bien que les
suaves
poètes élégiaques ne méprisent pas les nourritures
terrestres. »
(Gérard Oberlé)
« Quand on a dépassé la cinquantaine et que certains de nos
sens (je pense surtout à ceux qui vous donnent tant de plaisir à enfreindre
le sixième commandement* de Dieu) commencent à s’apaiser, existe-t-il sur
terre un plus grand plaisir qu’un somptueux dîner entre amis véritables ?
Oui, il en est peut-être un : celui, pour ces mêmes amis, de préparer
ensemble
le repas, de plumer les oiseaux et de les cuisiner en vidant
quelques
vieilles bouteilles de vins français. »
(Gérard Oberlé)
*(Tu ne tueras point).
Un
chef d’Etat habile au fourneau gouvernerait sans doute avec plus de
sensibilité, de volupté et de générosité qu’un énarque de la cuisine
minceur
et
des cures de thalassothérapie. »
(Gérard
Oberlé)
« Le pinot noir, ce sang bleu de la généalogie bachique. »
« Dans sa bouche, Chablis commençait comme un chuchotement
et se terminait en baiser… Ce vin mettra toujours du printemps
dans mes automnes, comme un petit air de pâquerette
quand déjà éclosent les colchiques. »
(Gérard Oberlé)
« Le vin est fait pour être bu, de préférence entre amis, et
basta. »
(Gérard Oberlé, Palomas Canyon)
« Lorsqu'il venait me rendre visite dans la Nièvre, Jean Carmet
(…)
avait instauré une coutume.
Vers la fin de l'après-midi, il disait : "Je vais faire un
tour dans ta bibliothèque",
en pointant un doigt vers le sol. Il prenait alors un panier,
plusieurs verres,
un tire-bouchon, quelques fromages et disparaissait une heure
dans mes caves. »
(Gérard Oberlé, Itinéraires spiritueux)
« Ce que je ne m’explique guère,
C’est pourquoi l’on boit à Paris
Le mauvais vin dans les grands verres
Et le bon vin dans les petits. »
(Jacques Offenbach)
« La haine est le plus puissant des alcools en politique. »
(Christine Okrent)
« Vin de Prince, elle est velours, séduction et mystère.
C'est le plus proustien des grands vins :
sous le parfum secret de pétale de rose à peine fanée d'une
Romanée-Conti 1956,
n'est-ce pas l'intense et pure sensation du Temps retrouvé qui
nous envahit
Les dieux nous auraient-ils laissé en souvenir dans ce carré de
terre,
la trace fascinante d'une perfection intemporelle ? »
(Richard Olney dans Romanée-Conti)
Vin de Prince, elle est velours, séduction et mystère. C'est le
plus proustien des grands vins : sous le parfum secret de pétale de rose à
peine fanée d'une Romanée-Conti 1956, n'est-ce pas l'intense et pure
sensation du Temps retrouvé qui nous envahit ?
Les dieux nous aurait-ils laissé en souvenir dans ce carré de
terre, la trace fascinante d'une perfection intemporelle ?
(Richard Olney in "Romanée-Conti)
« Pour avoir du succès, soyez bronzé, vivez dans un immeuble
chic (même si vous habitez la
cave), faites-vous voir dans les restaurants élégants (même si vous ne
prenez qu'une boisson) et, si vous empruntez, empruntez beaucoup.»
(Aristote Onassis)
« Le temps du vin est celui de la musique,
évanescent et destiné à creuser l'âme
pour laisser des traces, des souvenirs, des témoignages.
Aussitôt écoutée, la mélodie déserte l'espace
dans lequel elle s'est développée ;
aussitôt bu, un vin s'évanouit dans le corps où il disparaît.
Dans les deux cas, ces quintessences temporelles ne survivent
que par les émotions produites, les impressions suggérées.
Toute existence est dépliée sur ce modèle, toute mémoire agit
mêmement
sur une musique, un vin, une vie, et chacune de ces variations
sur le thème du temps est une leçon de ténèbres
à mettre en perspective avec le vieil enseignement
qu'en peinture donnent toutes les vanités : Omnia Vanitas… »
(Michel Onfray)
« Noble, la pourriture est une vitalité à l’œuvre, elle se
nourrit de l’eau,
du suc et des acides du raisin. Comme toute mort,
elle est la continuation de la vie par d’autres moyens.
La texture et la forme du raisin se modifient radicalement, sa
chimie est transfigurée,
apparaissent des éléments essentiels et nouveaux,
des antibiotiques et des molécules nouvelles. »
(Michel Onfray)
« Où serait la vraie noblesse ? Dans le talent pour faire
de la dégustation
un art de culture et de civilisation, dans la capacité à métamorphoser
tout verre d’un grand vin en œuvre d’art qu’on tente
d’aborder
avec sa propre subjectivité, son audace, sa volonté
et en prenant les risques que cela suppose.
Non en se contentant du psittacisme, cette maladie de la répétition,
qui transforme bien trop souvent le dégustateur
en domestique de sa mémoire
plutôt qu’en serviteur de son intelligence. Créer des
concepts,
inventer des notions, oser des rapprochements, affirmer une
lecture
d’un grand cru, plutôt que redire, ressasser, répéter, réitérer
ce que l’on trouve partout à longueur de guide,
Parker fonctionnant comme un inévitable cinquième évangile.
(Michel Onfray, Le désir
d'être un volcan.)
« À qui sait l'écouter, le vin parle (…) car le vin murmure
parfois,
assène de temps en temps, suggère ici, impose là une évidence,
masque ailleurs un parfum, une fragrance, sollicite d'anciennes mémoires.
»
(Michel Onfray)
« Enfouies sous les plis nombreux que l'âme a générés
après un certain temps d'existence (…). Ces parfums sont un
mode
qui renvoie à l'enfance sollicitée par celui qui goûte (…).
Goûter un vin, c'est réveiller l'enfant en soi.
Et tous ne savent ni ne peuvent demander à leur chair
qu'elle fasse surgir à nouveau le petit garçon ou la petite
fille qu'ils ont été,
eux qui plus tard se retrouvent le nez dans le col d'un verre à
dégustation. »
(Michel Onfray)
« Mon meilleur souvenir gastronomique, c’était une fraise
dans le jardin de mon père. La journée avait été chaude, un été. Les
fraises étaient gorgées de cette chaleur qui brûle les fruits jusqu’au cœur
où ils sont tièdes. Les feuilles ne suffisaient pas à faire une ombre qui
les protège assez. J’ai détaché l’une d’entre elles. Mon père m’a
invité à la passer sous l’eau, selon son expression, pour la nettoyer et
la rafraîchir. Le filet descendu du robinet était glacial, procédant des
sources qui dormaient sous les jardins. Lorsque je mis la fraise en bouche,
elle était fraîche sur sa surface et chaude en son âme, peau douce presque
froide, chair tempérée. Écrasée sous mon palais, elle se fit liquide qui
inonda ma langue, mes joues, puis descendit au fond de ma gorge. J’ai fermé
les yeux. Mon père était là, à mes côtés, travaillant la terre, courbé
sur les planches du potager. L’espace d’un instant – une éternité -,
je fus cette fraise, une pure et simple saveur répandue dans l’univers et
contenue dans ma chair d’enfant. De son aile, le bonheur m’avait frôlé
avant de partir ailleurs. Depuis, je guette le retour de cet ange hédoniste
dont j’ai tant aimé les rémiges et le souffle. Nul doute que je le cherche
avec ardeur et qu’il se dérobe, apparaissant quand je ne l’attends pas,
surgissant quand le ne l’espère plus. »
« Dans les pratiques qui visent le plaisir, la culture est ce
qui distingue l’hédonisme vulgaire de l’hédonisme philosophique. Toute
jubilation n’est pas bonne parce qu‘elle est jubilation. À ce titre, les
animaux connaîtraient la sagesse la plus accomplie ; ils illustreraient la
sapience la plus achevée alors qu’ils illustrent l’hédonisme vulgaire,
celui dans lequel se trouvent ceux qui jouissent brutalement, sans soucis ni
éthiques ni esthétiques. Je crois vraiment que, disons le ainsi, jouissance
sans conscience n’est que ruine de l’âme. Le rut et l’herbe broutée,
la copulation sauvage et la proie déchiquetée par l’animal ne sont
certainement pas exempts d’une satisfaction pour lui, mais qui en aucun cas
ne relève d’une situation éthique, esthétique et hédoniste. Sur ce
sujet, on pourrait avancer que l’érotisme est à la sexualité ce que la
gastronomie est à la nourriture : un supplément d’âme. Et qu’il n’est
de dimension hédoniste dans un plaisir que lorsque entrent en jeu ce supplément
d’âme, cet ajout à la jubilation d’un sentiment qui n’ignore pas le
monde, les autres, le réel, la situation dans laquelle on se trouve,
l’intersubjectivité dans laquelle tout ce qui advient se déploie. L’hédonisme
vulgaire est solipsiste, pratiqué et revendiqué comme tel. Il est d’autant
vulgaire qu’il oublie et néglige autrui, voire le sacrifie, l’utilise et
l’exploite. Philosophique, il est soucieux d’autrui et vise moins à être
en tant que tel que de permettre une relation harmonieuse et réussie. Le
premier vise sa propre fin, le second est à inscrire dans l’économie
d’une éthique dont j’ai formulé ailleurs la nature.
Et l’ange hédoniste, dans tout cela ? J’espère qu’on voit
mieux à quoi il ressemble, mélange de kunique et de
condottiere qui nécessite qu’on modifie le discours de l’angélologie
classique, car il est mixte de poète et de messager, de philosophe et
d’artiste. Charnel, sensuel, raffiné, élégant et délicat, il pratique la
prévenance et le souci d’autrui. Modèle hyperesthésique, il veut
exacerber ce que peuvent les sens, ce que fournissent les perceptions, ce qui
structure les émotions. Puissant, il goûte la force autant qu’il déteste
la violence, car il sait qu‘elle est le seul instrument qui permette de
sculpter son existence, son destin et son corps, comme on le fait pour une œuvre
d’art. Omniscient, il sait autant ce que peuvent les fraises dans le jardin
d’un père et le flacon d’un premier Yquem. Partout où une mère cuisine,
chante et berce, là où un père touche la peau de son enfant, lui caresse le
corps, il est présent. Là où des mains se joignent, des bouches aussi, là
où s’échangent et où se voient des signes, des gestes d’affection, de
prévenance, de tendresse et de douceur, il est à la table, aux fourneaux,
dans les cuisines, au cellier, il veille.
Il ignore l’eau bénite, et préfère le vin ; redoute
l’encens et goûte particulièrement les parfums d’un corps aimé ; le
ciel ne lui plait que parce qu’il permet de se déplacer vite entre deux
points sur terre, là où la vis se déplie, donc là où est l’essentiel.
On lui doit le clin d’œil des émotions superlatives, les îvreté
voluptueuses, les somptueuses nourritures éphémères, les énergies sculptées,
les politesses célébrées, les vitalités exacerbées, les jubilations
souhaitées. Goûteur de pommes aux paradis qui n’en ont plus pour
longtemps, sa devise est Carpe Diem. Je crois qu’il faut lui abandonner nos
vies de sorte que Thanatos, quand il triomphera, n’ait à ranger dans sa
besace qu’un corps qui aura brûlé jusqu’aux derniers feux. »
(Michel Onfray, "La Raison gourmande")
« Avant toute vie rampante, chaloupante ou marchande, la pierre
exprime la présence,
ce que les philosophes appellent la pure présence au monde.
Aveugle et dépourvue de conscience, sommaire dans sa vitalité
et son énergie,
la pierre contribue à une grammaire et une syntaxe, qui
permettent un style,
ce qu'en d'autres termes on appelle le Terroir.
Un Terroir, c'est une identité et une identité ne souffre pas
d'aménagement.
Ce qui se dit dans les lentilles géologiques, qui font tel ou
tel vin, est indicible ailleurs.
Unique, le sol sollicite des quintessences qui fournissent en
retour,
matière à entretenir le caractère exceptionnel. »
(Michel Onfray – Les formes du temps)
« Simplement celui que
l'on boit lorsque l'on est amoureux…
celui dont on se
souvient. »
(Michel Onfray)
« Le champagne est le
seul vin qui chante, réellement. »
(Michel Onfray)
« La preuve du monde, c'est le champagne dont les bulles sont
des comètes
qui traversent l'espace, des étoiles qui flambent dans le
cosmos,
des forces qui strient sur le mode lumineux
les ciels contenus dans des coupes de verre ».
(Michel Onfray)
« La sève est une eau en son genre avec il est possible de lire
le mouvement de clepsydres magiques. Ni liquide insipide, ni flux neutre et pâle,
elle est une énergie avec laquelle se font les communications entre les
sous-sols sombres et les voûtes étoilées, entre les pierres, la terre, le
ventre obscur des enfers et l’azur, l’air, la coupole de l’éther. »
(page 25)
« La plante, la vigne en l’occurrence, est au carrefour de ces
deux univers : la terre et l’air, le magma et le soleil, les ténèbres et
la lumière, les racines et les efflorescences. » (page 26)
« Plante grimpante ou rampante, dansante ou virevoltante, la
vigne est un végétal baroque, sinon maniériste, que caractérisent les nœuds,
les trilles, les tresses, les labyrinthes, les arabesques, les voltes, les
plis, les étirements, les allongements. » (page 27)
« La vigne fut un instrument de mesure naturel des cycles (...)
« La plante a montré à quoi elle obéissait : au sommeil
consubstantiel des hibernations dans la terre, ralentissement, lenteur subie
et engourdissements de l’âme ; puis, premières coulées de sève dans le
cep, le liquide agit comme une puissance calorifère, les potentialités,
endormies, deviennent des puissances puis des actes ; ensuite, sur les
branches comme un hommage à
l’air, un trajet accompli des ténèbres
du sous-sol à la lumière du jour, on aperçoit les premiers bourgeons
qui gonflent ; se développant, suintant, mélangés à une liqueur séminale,
ils s’ouvrent, collants et gras, pour laisser se déplier un bouquet de
feuilles. Dans le cycle, on parlera de débourrement.
Suivent des myriades de boutons qui se structurent en grappes,
comme pour annoncer le raisin qui viendra. Lorsque la fleur arrivera, elle
durera quinze jours, emplissant les vignobles d’un parfum entêtant qui
n’est pas sans parenté avec les liqueurs fortes et spermatiques des
gibiers, la lourdeur en moins (...)
Temps spécifique de la floraison.
Alors tombent les pétales qui volent et retournent à la terre.
Pour eux c’est fini. Leur destin est épuisé, ils iront nourrir le terreau,
la tourbe (...)
Sur la ramure des sarments, après la fleur, on distinguera le
fruit. Le raisin changera de couleurs, et le temps se montrera dans ces
variations chromatiques : du vert acide du départ à la pourriture de
l’arrivée en passant par le spectre des jaunes, cuivres, oranges, marrons,
bruns, les grappes se chargeront de toutes les subtilités colorées qui
parlent à l’œil du paysan (...)
Après débourrement et floraison, on parle du temps de la véraison.
(...)
Ultime station dans le mouvement de ce temps circulaire, il faut
parler de la maturation. » (Pages 31-32-33)
« Des fermentations préhistoriques aux faisandages
gastronomiques d’aujourd’hui en passant par l’art des fromages aux croûtes
ou pâtes elles aussi habitées par les ferments thanatologiques, celui des thés
fumés dans les plus lointaines provinces chinoises, ou encore celui des
garums ayant traversé le temps et l’espace jusqu’aux nuoc-mâm, le jeu
culturel avec la pourriture naturelle n’a cessé de permettre des surprises
esthétiques et éthiques, métaphysiques et ontologiques. Cet art de faire la
vie à partir de la mort désigne une attitude dialectique certaine (...) »
(pages 58-59)
« Noble, la pourriture est une vitalité à l’œuvre, elle se
nourrit de l’eau, du suc et des acides du raisin. Comme toute mort, elle est
la continuation de la vie par d’autres moyens. (...)
Aussi vise-t-on, dans ce jeu avec la pourriture noble, une
eschatologie païenne : sauver ce qui peut l’être par un art de l’œil
associé à une sapience antique. De sorte que le paysan verra la progression
du champignon, distinguera les bonnes pourritures des mauvaises et les états
du travail de la nature. » (page 60)
(Michel Onfray - Les formes du temps Théorie du Sauternes -
Livre de Poche n°31465)
« Pour réaliser ce nouveau temps, du moins le rendre possible,
en faciliter la généalogie, les viticulteurs élèvent le vin. Ils
accompagnent ses mutations, ses évolutions, ils surveillent sa maturation,
son individuation. Aux aguets, à l’écoute, soucieux du moindre signe, ils
savent qu’un vin aussi fragile dans les limbes se devra de traverser
l’enfance et la puberté, l’adolescence et la maturité, avant d’accéder
à la plénitude, à l’accomplissement et à l’épanouissement de soi. »
(Michel Onfray)
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Margot et Gilles GARRIGUES 1998-2013
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